Casamance : La dangereuse illusion d’un dialogue de paix avec le Sénégal
Les récentes déclarations d’Ousmane Sonko, Premier ministre sénégalais, à Ziguinchor ont ravivé le débat brûlant sur la possibilité d’un dialogue entre l’État sénégalais et les indépendantistes du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC).
Dans son discours controversé prononcé dans sa région d’origine, Sonko a affirmé : « Je me rendrai personnellement dans la forêt pour en faire sortir mes frères, mes pères, mes proches [combattants du MFDC]. » Ces propos, perçus comme paternalistes par les membres du MFDC, ont été accueillis dans le maquis comme une insulte à leur engagement. La quête de l’indépendance de la Casamance les a poussés, depuis 42 ans, à prendre les armes pour défendre leur liberté et protéger les civils des agressions de l’armée sénégalaise.
Lamine Bâ, membre du MFDC au Fouladou, a réagi fermement : « Une ligne rouge, bien éloignée des valeurs de dialogue et de paix, vient d’être franchie. Les affirmations selon lesquelles des contacts auraient été établis avec les éléments armés du mouvement sont fausses. Il est absurde, et même honteux, qu’un Premier ministre d’origine casamançaise se livre à de tels mensonges. Tant que le respect et la confiance ne sont pas rétablis entre les parties, toute négociation serait une capitulation. Même face aux colons européens, la Casamance s’est toujours fait respecter. Invicta Felix ! »
Cette position traduit un réalisme face aux discours de certains acteurs qui prônent des concessions illusoires, lesquelles, loin d’apporter une solution, nourrissent un sentiment de défaitisme.
Ces paroles mettent en lumière un problème profondément enraciné et pressant. Depuis des années, des milliards de francs CFA ont été investis dans des ONG souvent douteuses, et de nombreuses initiatives ont été façonnées pour instaurer la paix en Casamance. Pourtant, les appels à la négociation avec des acteurs contestés, tels que l’ANRAC, le GRPC, le Collectif des Cadres Casamançais, la Plateforme des Femmes et le COSPAC, restent des démarches dangereuses dès lors que leurs ambitions vont à l’encontre d’une paix authentique.
La Casamance se trouve à un tournant historique. Renoncer à ses valeurs pour un dialogue sans perspective de réussite, c’est ouvrir la porte à une nouvelle forme de domination, marquée par l’intolérance, l’injustice et la violence des forces sénégalaises. Dialoguer avec ceux qui renient les fondements de la résistance casamançaise, incarnée par Fodé Kaba Doumbouya, Moussa Molo Baldé, Aline Sitoé Diatta et Djignabo Bassène, serait un recul. Face aux figures comme Diomaye Faye et même Ousmane Sonko, héritiers de Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall, l’idée d’une paix en Casamance reste une illusion dangereuse.
Pierre Coly
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