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Casamance : La voie économique de Diomaye Faye inspirée par Macky Sall vouée à l’échec

Casamance : La voie économique de Diomaye Faye inspirée par Macky Sall vouée à l’échec

Depuis plus de quarante ans, la Casamance, envahie par le Sénégal, est marquée par un conflit profond qui semble insoluble. Ce conflit, ancré dans des revendications historiques, culturelles et politiques, a coûté la vie à des milliers de personnes et entravé le développement d’une province pourtant riche en ressources naturelles. Plusieurs présidents sénégalais se sont succédés avec des solutions économiques pour tenter d’apporter la paix et le développement en Casamance, mais ces efforts se sont révélés inefficaces.

Aujourd’hui, une nouvelle figure émerge avec une approche économique controversée : Bassirou Diomaye Diakhar Faye, un économiste de métier, propose une solution qui, selon certains, pourrait être la clé pour résoudre cette crise complexe. Toutefois, sa proposition suscite de vives critiques de la part des intellectuels, des universitaires, les membres du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) et de la population locale, qui réclament une solution politique et non économique car même avec l’embargo imposé par le Sénégal, la Casamance, où l’autosuffisance est assurée, a survécu et peut vivre de ses abondantes ressources naturelles.

Les échecs des prédécesseurs : Diouf, Wade et Sall

Avant d’examiner la solution de Diomaye Faye, il est important de comprendre pourquoi les initiatives économiques de ses prédécesseurs ont échoué.

Abdou Diouf, président du Sénégal de 1981 à 2000, a tenté de résoudre la crise casamançaise par le développement rural. Il a mis en place des projets agricoles pour moderniser l’économie régionale, mais ces initiatives n’ont pas réussi à atteindre leur plein potentiel en raison d’un manque de financement adéquat et de la persistance de la violence tout azimut qu’il  y a imposé.

Son successeur, Abdoulaye Wade, a adopté une approche différente en promouvant de grands projets d’infrastructure, tels que la construction de routes et de ponts pour désenclaver la Casamance. Toutefois, ces projets, bien que nécessaires, n’ont pas réussi à apaiser les tensions sociales et politiques, car ils étaient souvent perçus comme étant déconnectés des besoins réels des populations locales et privilégiant la corruption à grande échelle.

Enfin, Macky Sall a misé sur une stratégie mixte alliant dialogue politique et investissement économique. Sa politique de « Plan Sénégal Émergent » (PSE) a inclus la Casamance dans ses projets de développement, mais l’instabilité persistante et la méfiance entre les autorités et les indépendantistes ont continué de freiner les progrès.

La proposition de Diomaye Faye : Une économie inclusive et durable, mais controversée

Diomaye Faye propose une approche économique peu différente, axée beaucoup plus sur l’inclusivité et la durabilité. Selon lui, le problème de la Casamance ne peut être résolu uniquement par des investissements massifs ou des projets d’infrastructure. Il insiste sur la nécessité d’une économie participative qui implique directement les communautés locales dans le processus de développement.

L’une des propositions phares de Faye est la création de coopératives agricoles autogérées, financées par un fonds d’investissement régional. Ce fonds serait alimenté par les revenus des ressources naturelles de la Casamance, telles que l’agriculture, la pêche et le tourisme, mais aussi par des partenariats public-privé. En permettant aux habitants de la Casamance de devenir les principaux acteurs de leur propre développement, Faye croit fermement, mais sans convaincre, que cela renforcerait le sentiment d’appartenance et contribuerait à la paix sociale.

Cependant, cette solution économique est loin de faire l’unanimité. Elle est critiquée par de nombreux intellectuels, ainsi que par le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), le principal groupe indépendantiste en Casamance, qui la considèrent comme une approche inadéquate et déconnectée des réalités du conflit. Pour eux, la crise en Casamance est avant tout politique et historique. Le MFDC, qui revendique l’indépendance de la province depuis sa création en 1947, soutient qu’aucune solution économique ne pourra résoudre un problème profondément ancré dans des revendications politiques.

Les doutes et critiques : Un échec annoncé ?

Les critiques ne s’arrêtent pas au MFDC. Une grande partie de la population casamançaise partage également le scepticisme envers la proposition de Faye. Pour ces habitants, qui ont vécu les conséquences directes du conflit, l’absence de dialogue politique réel entre le gouvernement sénégalais et les acteurs du conflit est une impasse insurmontable. Ils estiment que la paix ne pourra être atteinte que par des négociations politiques inclusives, qui prendraient en compte les revendications indépendantistes et les griefs historiques.

Les intellectuels locaux, quant à eux, soulignent que la solution de Faye, bien que variée sur le plan économique, risque d’échouer comme celles de ses prédécesseurs. Ils mettent en garde contre le danger de répéter les mêmes erreurs : investir dans le développement économique sans aborder les causes politiques sous-jacentes du conflit pourrait non seulement être inefficace, mais aussi exacerber les frustrations locales.

Une vision contestée pour l’avenir

Si la proposition de Diomaye Faye se veut peu ambitieuse, elle est également perçue par beaucoup comme naïve et vouée à l’échec sans un véritable engagement politique. La Casamance, disent-ils, ne pourra trouver la paix que par un processus de négociation politique qui répondra aux aspirations des populations locales.

Le succès de cette initiative dépendra non seulement de la capacité de Diomaye Faye à mobiliser les ressources économiques nécessaires, mais aussi de la volonté des autorités sénégalaises et du MFDC à engager un dialogue politique sincère et inclusif. Sans cela, la Casamance risque de rester enfermée dans un cycle de violence et de sous-développement, malgré les meilleures intentions économiques.

Alors que les débats sur la meilleure approche à adopter pour la Casamance se poursuivent, il reste à voir si la vision de Diomaye Faye pourra convaincre ceux qui résistent jusqu’à présent à la colonisation sénégalaise et qui ont vu toutes les solutions économiques échouer.

Antoine Bampoky

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