Casamance : L’armée sénégalaise exécute un éleveur, une sixième victime en six mois de gouvernance de Bassirou Diomaye Faye
Le lundi 16 septembre 2024, la région du Pakao, en Casamance, a une nouvelle fois été le théâtre d’un drame insoutenable, avec l’exécution brutale d’un jeune éleveur du village de Diamevelli Samba Ba, dans la commune de Bounkiling. Ce dernier, selon des témoignages poignants recueillis sur place, aurait eu le malheur de refuser de céder son troupeau à des militaires, sans compensation financière. Ce geste, simple en apparence, lui a coûté la vie.
Les populations locales accusent l’armée sénégalaise d’être engagée dans des pratiques de pillages systématiques. Depuis plusieurs mois, elles dénoncent le vol de bétail, notamment des bœufs et des moutons, ainsi que les exécutions sommaires des agriculteurs et éleveurs qui osent défendre leurs biens. Le dernier épisode de cette série noire est celui de cet éleveur, dont le seul crime, selon ses proches, a été de protéger son unique source de subsistance.
Face à ces accusations gravissimes, l’armée sénégalaise, par l’intermédiaire de son service de communication, la DIRPA, tente de se défendre. Dans une déclaration controversée, elle décrit la victime comme « un individu armé d’une machette et d’un couteau, qui a brusquement attaqué l’un des membres de la patrouille ». Une version des faits immédiatement remise en cause par les habitants, qui y voient une énième tentative de camouflage des exactions militaires en Casamance.
C’est un climat de terreur qui persiste sous le nouveau régime.
L’exécution de ce jeune éleveur n’est que la dernière d’une longue série. Il s’agit de la sixième victime imputée aux forces armées sénégalaises en Casamance au cours des six derniers mois, sous le régime du président Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko. Cette période est marquée par une escalade de la violence militaire, alimentée par un sentiment d’impunité totale.
Le mercredi 5 juin 2024, une maman et son bébé ont succombés par une bombe de l’armée sénégalaise au nord de Sindian. C’est dans la même zone que le jeudi 29 août 2024, Aliou Sané, un jeune agriculteur de seulement 19 ans, a été lâchement abattu de sang-froid par les troupes sénégalaises. Les exécutions sommaires ont eu lieu à Médina Gounasse et à Diaobé.
À ce jour, aucune procédure judiciaire n’a été enclenchée pour enquêter sur les violences commises par les forces armées et la gendarmerie en Casamance. Cette absence de justice nourrit la colère et le désespoir des populations locales, déjà éreintées par des décennies de conflit.
Le spectre d’une révolte est grandissant. Les habitants de Diamevelli Samba Ba, et plus largement de la Casamance, crient leur indignation face à ce qu’ils qualifient de répression armée. Beaucoup accusent l’État sénégalais de se livrer à une campagne de terreur pour étouffer la revendication d’indépendance et de justice sociale.
Balanta Mané