Casamance : Le sort des prisonniers politiques casamançais, une flamme de résistance dans l’ombre de la répression sénégalaise
Dans un tournant dramatique des événements politiques qui secouent le Sénégal depuis plusieurs années, les prisonniers politiques casamançais, arrêtés, torturés et déportés à plus de 500 kilomètres de leurs villages par l’armée sénégalaise, viennent d’être transférés en début de mois des prisons de Dakar vers la maison d’arrêt de Ziguinchor, au cœur de la Casamance. Ce déplacement, bien que perçu comme un soulagement pour les familles, ne fait qu’ajouter à la longue liste des injustices qui marquent cette période sombre de l’histoire entre la Casamance et le Sénégal.
Les noms de ces prisonniers résonnent désormais comme des symboles de résistance dans le Pays des rizières, où des tensions politiques, attisées par les événements sanglants de 2021 à 2024, ont exacerbé un climat de défiance envers le régime de Macky Sall. Parmi eux : Lamine Barry, René Capain Bassène, Lamine Diané, Thierno Diallo, Sidy Diédhiou, Adama Bamba Mané, Jean Christophe Sambou, Amadou Sagna, Malick Sané, Dembo Tamba, Kadialy Tamba. Tous accusés d’appartenir au Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), et d’être en connivence avec le PASTEF d’Ousmane Sonko, farouche opposant de l’ex-dictateur. Leur crime présumé ? Avoir voulu renverser un pouvoir corrompu qu’ils considèrent comme oppressif et illégitime.
Ces détenus, issus de divers groupes ethniques de Casamance, représentent la diversité culturelle et ethnique de cette région longtemps colonisée : Peulhs, Balantes, Diola, Mandingues, Sarakolé. Leur emprisonnement, comme beaucoup le disent, est un coup porté non seulement à la liberté d’expression, mais aussi à l’identité collective d’une région qui lutte depuis des centenaires pour sa reconnaissance et son autonomie.
Torture et silence : La stratégie de répression de l’État sénégalais
Les conditions de détention de ces prisonniers politiques sont un secret douloureusement gardé. Arrêtés sans véritables preuves tangibles, ils sont victimes de tortures physiques et psychologiques. Les témoignages des associations de défense des droits humains, ainsi que ceux des familles, sont glaçants : des traitements inhumains, des tortures durant les interrogatoires, des visites familiales rendues presque impossibles. La stratégie semble claire : isoler les prisonniers pour briser leur moral et affaiblir la résistance casamançaise.
Cependant, loin de plier sous la répression, la société civile casamançaise, soutenue par une diaspora influente et déterminée, riposte. Des manifestations massives sont annoncées, non seulement à Ziguinchor et dans les autres villes de Casamance, en Afrique, en Europe, au Canada et aux États-Unis. L’objectif est clair : obtenir la libération immédiate de tous les détenus politiques casamançais, et dénoncer la dérive autoritaire du régime en place.
Casamance entre résistance et répression
La répression orchestrée par le gouvernement de Macky Sall depuis l’intensification des conflits en 2021 a plongé le Sénégal dans une crise politique majeure. Le nouveau régime de Diomaye Faye a pris le sanglant flambeau. L’affaire de ces prisonniers politiques n’est que l’une des nombreuses facettes d’une lutte acharnée entre un pouvoir sénégalais qui cherche à museler toute forme d’opposition, et des forces populaires qui refusent de se laisser écraser. La Casamance, riche de ses cultures et de son histoire de résistance, se retrouve au centre de ce bras de fer.
Ces prisonniers incarnent bien plus qu’un simple groupe d’opposants emprisonnés. Ils sont les représentants d’une Casamance qui refuse de se taire face à un régime jugé criminel par de nombreux observateurs. La solidarité internationale autour de leur cause montre que la question casamançaise dépasse désormais les frontières du Sénégal.
Un combat internationalisé pour la liberté
Les appels à la libération des prisonniers politiques se multiplient à travers le monde. De Ziguinchor à Paris, de Banjul à New York, la diaspora casamançaise fait entendre sa voix avec une force croissante. Des manifestations sont prévues dans plusieurs capitales, rassemblant des activistes, des associations de défense des droits de l’homme, et des citoyens indignés par le sort réservé aux prisonniers politiques.
L’unité autour de ces détenus est frappante. Chaque manifestation, chaque prise de parole publique est une nouvelle pierre ajoutée à l’édifice de la résistance. Si le pouvoir sénégalais espérait isoler et faire taire ces prisonniers, il a sous-estimé la résilience d’un peuple qui, depuis le 15ème siècle, refuse de courber l’échine. La Casamance est debout, et avec elle, des milliers de voix qui réclament la vérité, la justice et la liberté.
L’espoir et la résistance ne sont pas morts
Alors que les regards se tournent vers Ziguinchor, la tension ne cesse de monter. Les prisonniers politiques casamançais, loin d’être des individus isolés, sont devenus des figures emblématiques d’une lutte pour la liberté d’expression, les droits humains et les droits des peuples. La Casamance, en ébullition, montre que, malgré la répression, l’espoir et la résistance ne sont pas morts.
Les semaines à venir s’annoncent décisifs pour l’avenir de ces prisonniers et, plus largement, pour celui du Sénégal. Leur sort est désormais lié à une mobilisation internationale grandissante, un mouvement que ni les prisons, ni les tortures, ne semblent pouvoir étouffer. Le combat pour la justice et l’indépendance en Casamance ne fait que continuer.
Antoine Bampoky