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Casamance : Le VIP-Day de la patrouille armée conjointe Sénégal-Gambie vire au fiasco total !

Casamance : Le VIP-Day de la patrouille armée conjointe Sénégal-Gambie vire au fiasco total !

Hier mardi, le 26 novembre 2024, la petite bourgade gambienne de Dassilami, devait accueillir l’un des événements les plus attendus de l’année : la journée VIP-Day, célébrant la 2ème patrouille conjointe des armées sénégalaise et gambienne contre les combattants indépendantistes du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC). Mais au lieu de l’ambiance triomphante escomptée, ce fut un véritable fiasco qui s’est joué sous les yeux des autorités sénégalaises et gambiennes.

Dès les premières heures du matin, l’événement tant attendu a pris une tournure catastrophique. Les populations locales, aussi bien sénégalaises que gambiennes, ont répondu par un boycott massif. Non seulement les habitants ont ignoré l’appel des autorités, mais ils ont choisi de manifester leur désaveu en restant chez eux, loin des projecteurs de cette cérémonie. Un rejet clair et net de la présence militaire sénégalaise en Gambie, un symbole de l’impopularité croissante de cette coopération armée dans la région.

La mobilisation pour l’événement semblait pourtant avoir été soignée : gouverneur sénégalais, commandants militaires, préfets et sous-préfets étaient tous présents pour superviser cette opération coûteuse. Le gouverneur Mor Talla Tine, accompagné du commandant de la zone 5 Yakhya Diop, du commandant de légion Saboury Ndiaye, du préfet de Bignona Mamadou Khouma, et du sous-préfet de Kataba Assane Hann, avaient mis les petits plats dans les grands. Des moyens financiers et logistiques colossaux avaient été déployés, avec l’objectif clair de convaincre la population de soutenir les forces armées.

Comme d’habitude, les officiels sénégalais ont utilisé et ordonné un fils de la Casamance, le lieutenant-colonel Djibon Mathieu Sambou pour la basse besogne de rassembler les villageois qui devraient venir applaudir, danser, boire et manger à la gloire des militaires sénégalais et gambiens.

Mais rien n’y a fait. Les chefs de villages, convoqués sous pression, ont refusé de participer à la mascarade. Bien qu’on leur ait imposé des invitations accompagnées de menaces, leur engagement n’a été que partiel. Les notables, imams, présidents d’organisations de jeunesse et femmes de village n’ont pas cédé. À peine quelques-uns, sous la menace de représailles violentes, ont bien voulu se présenter à l’événement, mais sans pouvoir convaincre la foule, absente et indifférente.

Ce qui a frappé les observateurs, c’est l’absence remarquée du gouverneur de la région Ouest de la Gambie, Mr. Bodian. Une désertion symbolique qui ne laissait guère de place au doute : la coopération militaire entre les deux pays n’a pas trouvé d’adhésion en Gambie. La délégation gambienne, restée quasi anonyme avec une poignée de soldats, a été réduite à sa plus simple expression, éclipsant ainsi l’ampleur de ce qui devait être une démonstration de force et d’unité.

L’ampleur du fiasco a été telle que l’événement, qui avait coûté plusieurs dizaines de millions de Francs CFA – argent public, tant sénégalais que casamançais – s’est transformé en une humiliation totale pour les autorités. Non seulement l’argent a été dépensé en vain, mais l’image des forces militaires et de l’État sénégalais a été sérieusement écornée.

Les promesses d’une journée triomphale se sont effondrées sous le poids du mécontentement populaire. Cette débâcle pose une question : quel avenir pour la coopération militaire sénégalo-gambienne dans une Casamance en pleine effervescence ? Le rejet affiché par les populations semble être un signal d’alarme que les autorités, si elles espèrent un jour regagner la confiance des habitants, devront impérativement prendre en compte.

Le fiasco du VIP-Day en Gambie, s’inscrit ainsi dans une longue liste de tensions et de mécontentements qui marquent la présence et les crimes de l’armée sénégalaises tout au long de la frontière entre le Nord de la Casamance et la Gambie, où l’indépendantisme casamançais et les divisions profondes du gouvernement gambien d’Adama Barrow ne cessent de hanter l’actualité. Reste à savoir comment le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko, sauront répondre à l’appel désespéré des populations fatiguées de la présence des militaires sénégalais dans leurs paisibles villages.

Balanta Mané

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