Casamance : « Les officiers sénégalais nous utilisent comme de la chair à canon » avoue un sous-officier
Il y a une semaine, le vendredi 28 juin 2024, des Casamançais portant la tenue de l’armée sénégalaise, l’adjudant Sagna et le sergent-chef Badji, du 22ème Bataillon de reconnaissance et d’appui (BRA) de Saint-Louis, et le soldat de 1ère classe Coly, du Bataillon du Train de Dakar, en prison depuis deux années, ont été inculpés par le doyen sénégalais des juges d’instruction pour complicité, atteinte à la sûreté de l’Etat, atteinte à la défense nationale, mise en danger de la vie d’autrui, complot contre l’autorité de l’Etat du Sénégal.
Ils sont accusés de « collusion avec l’ennemi » c’est-à-dire d’avoir fourni des informations sensibles et stratégiques aux chefs combattants indépendantistes du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC).
Les faits qui se sont déroulés en 2022 lors d’une opération de l’armée sénégalaise au nord de la Casamance contre les combattants Attika du MFDC, ont tourné au fiasco total et au massacre de 12 soldats sénégalais en deux jours de combats. Pour expliquer cette déroute, les officiers sénégalais sur le terrain devraient rendre des comptes au général Souleymane Kandé, chef de l’armée de terre et au président Macky Sall. C’est ainsi que les soldats d’origine casamançaise sont devenus les boucs émissaires de la défaite cuisante, en sorte de la grande débâcle.
Un blessé de l’embuscade du nom de Diatta, qui a entre-temps déserté l’armée sénégalaise, a déclaré : « Nous Casamançais, surtout Diolas, ne sommes que des appâts en première ligne, et nous sommes les premiers à mourir devant la puissance de feu des combattants du MFDC. Il y a eu des cadavres partout. Personne ne s’intéresse à les ramasser parce qu’ils sont de la Casamance. »
Pour un autre sous-officier d’origine de Bignona, « les officiers sénégalais nous utilisent comme de la chair à canon. A chaque fois que nous intervenons en Casamance, nous sommes menés à l’abattoir. Pour eux, nous ne sommes pas des êtres humains, car nous sommes tous des rebelles.«
Rien d’étonnant, les Casamançais ne veulent plus se battre contre leurs frères du MFDC, surtout que les militaires sénégalais, connaissant moins le terrain, par peur de se faire facilement tuer, ne veulent aussi pas se mettre en avant pour affronter les indépendantistes armés, aguerris et mieux entraînés. Tel est le malaise dans l’armée sénégalaise qui propulse sa colère contre les natifs de la Casamance en leur faisant payer leurs lourdes pertes en Casamance. Une stratégie cruelle et machiavélique du Sénégal acculé, que celle de se servir des fils de la Casamance pour mener leur sale guerre en Casamance depuis 1982.
D’ailleurs l’assassinat de Fulbert Sambou et de Didier Badji en dit long sur le traitement discriminé des Casamançais au Sénégal.
Balanta Mané