Alors que les tensions persistent en Haute Casamance, l’apparition de combattants armés du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) dans la région du Fouladou, entre Kolda et Kédougou, révèle un soutien croissant des populations locales pour la cause indépendantiste casamançaise. Lundi en plein jour, une colonne d’hommes armés, transportés par plus de 20 motos, a été aperçue traversant les champs sous les regards bienveillants de nombreux villageois, qui, au lieu de fuir, ont applaudi leur passage et offert des sacs de riz et d’arachide.

Cette nouvelle apparition de combattants dans la région fait suite à une autre incursion survenue le week-end dernier. Des sources locales rapportent que des groupes armés ont traversé le fleuve Casamance à l’aide de six pirogues, près du village de Diattacounda. Leur colonne aurait ensuite traversé Bambali et Tanaff, avant de se diriger vers les forêts profondes, zones traditionnellement utilisées comme bases arrière par « Atika » la branche armée du MFDC.

Contrairement à ce que l’on pourrait attendre dans une région en proie à des incursions armées, plusieurs témoins rapportent que les populations locales du Fouladou ont exprimé leur soutien aux combattants indépendantistes. Les villageois, pour certains excédés par des décennies de marginalisation, se sont mobilisés pour fournir des vivres aux membres du MFDC. Ces gestes symboliques, tels que les dons de sacs de riz et d’arachide, montrent l’adhésion de plus en plus marquée de la population locale à la cause indépendantiste, amplifiée par la violence des interventions militaires sénégalaises en Casamance.

Les témoignages des villageois laissent entendre que la brutalité des forces armées sénégalaises est l’un des principaux catalyseurs de la montée de la sympathie pour le MFDC. Plusieurs habitants de la région affirment que les opérations militaires, souvent accompagnées de violences contre les civils, ont alimenté une radicalisation progressive des populations locales, qui voient désormais les combattants comme des protecteurs plutôt que des agresseurs.

Au fil des années, l’idée de la lutte pour la libération de la Casamance gagne du terrain, non seulement dans la région concernée mais aussi au-delà, notamment dans des zones comme le Fouladou. Ce soutien accru s’explique en partie par les exactions et les violences attribuées à l’armée sénégalaise dans les opérations de répression des indépendantistes. Des témoignages de civils casamançais évoquent régulièrement des abus, des pillages et des destructions de villages, des actions qui nourrissent un sentiment d’injustice et renforcent la légitimité perçue de la résistance pour la libération.

Les motos, utilisées par le MFDC et d’autres groupes armés dans la région, symbolisent également une nouvelle phase de la lutte. Légères, rapides, et capables de naviguer à travers des terrains accidentés, elles permettent aux combattants d’échapper plus facilement aux forces de sécurité sénégalaises. Ce mode de transport, qui a déjà fait ses preuves dans des conflits en Ukraine, en Russie et dans les pays du Sahel, offre aux indépendantistes un avantage stratégique considérable.

Balanta Mané