Casamance : L’imposteur français Jacques Charpy, choisi comme témoin par l’ex-président sénégalais Abdou Diouf, démasqué
Dans un livre intitulé « L’Idée de la Casamance autonome », l’historienne française et chargée de recherches au CNRS, Séverine Awenengo Dalberto, rythme sans cesse son propos. Vendu en moins de deux semaines à plus d’un million deux cent mille exemplaires selon les sources libraires, cet ouvrage a pour cadre la Casamance, où persiste une lutte d’indépendance d’une des rébellions les plus anciennes d’Afrique. Fruit de vingt ans de recherches, il examine la période 1875-1970 à travers une vaste documentation d’archives publiques et privées ainsi que des entretiens.
Mauvais timing, sujet trop sensible, prétexte pour égratigner la France, curiosité intellectuelle, quête de la vérité, la controverse, interdiction au Sénégal, publicité autour du livre : Tout y passe !
Dans les pages 14 à 16 de l’introduction, des révélations irréfutables sont faites sur l’imposteur Jacques Charpy :
« Cette requête pour une expertise française fait partie de l’accord de cessez-le-feu signé entre l’État du Sénégal et le MFDC -1982 à Bissau, en juillet 1993. Sur la sollicitation du président sénégalais Abdou Diouf, la France a accepté de désigner un expert, mais en tant que témoin et non en qualité d’arbitre : son « témoignage historique » doit engager son rédacteur et non la France en tant qu’État. Ce 21 décembre 1993, dans la grande salle de la Maison des Œuvres catholiques, où Diamacoune est en résidence surveillée après avoir passé plus de cinq ans en prison et quelques mois dans le maquis, Charpy livre les résultats de sa recherche.
Jacques Charpy est alors conservateur général honoraire. S’il a passé la majeure partie de sa carrière à la tête des archives départementales du Finistère, puis d’Ille-et-Vilaine (1959-1991), il a débuté sa carrière à Dakar, où il a dirigé le service des archives de l’AOF (Afrique Occidentale française) entre 1951 et 1958. Son action a été déterminante pour la structuration et la modernisation de ce service, ainsi que pour le classement et l’inventaire d’une grande partie des documents dont il avait la charge.
La France n’a donc pas choisi un historien spécialiste de la Casamance pour cette expertise, mais un professionnel des archives, spécialiste de la documentation coloniale. « Comment écrire l’histoire de la Casamance, sinon d’après les sources émanant des autorités politiques et administratives dont elle relevait ? » – c’est-à-dire celles de la colonie du Sénégal et du gouvernement de l’AOF, précise Charpy dans la suite de son rapport.
Durant les quelques mois qu’il a consacrés à cette recherche et à la rédaction de son témoignage, Charpy s’est en effet intéressé aux manifestations visibles du passé telles qu’elles se donnent à lire dans les archives officielles, parfois à travers la médiation d’ouvrages. Il n’a mobilisé ni archives privées, ni sources orales – il n’a ainsi rencontré aucun des acteurs politiques du premier MFDC, nombreux à être encore vivants au moment de son enquête, pour contribuer à éclairer la période du processus d’autonomisation du Sénégal. D’ailleurs, seulement quelques paragraphes sont consacrés à cette période dans la quarantaine de pages du rapport. Au total, le texte n’apporte aucune nouvelle connaissance par rapport aux rares publications déjà consacrées à l’histoire de la région, notamment sur sa structuration administrative dans la colonie du Sénégal, publications que Charpy utilise d’ailleurs dans son rapport.
Charpy rend néanmoins deux conclusions très claires, qui répondent directement à une partie des arguments du mouvement indépendantiste : « La Casamance n’existe pas en tant que territoire autonome avant la colonisation » et « les territoires situés entre la Gambie et la Guinée-Bissau ont toujours été, durant la colonisation française, administrés par le gouverneur du Sénégal ». Pour l’État sénégalais, c’est le « Verdict de l’histoire », un verdict « sans appel », comme le titre le journal pro-gouvernemental Le Soleil, qui publie le rapport le surlendemain de sa présentation. Du côté de l’histoire, l’affaire semble donc entendue.
Casamance, pays du refus : il faut plus d’un an à Diamacoune pour achever la rédaction, depuis sa résidence surveillée, de sa réponse à Charpy, qu’il présente comme un « contre-témoignage » :
« Démissionnant depuis 1983 devant ses responsabilités historiques, politiques et morales envers cette Casamance de nos ancêtres, la France, après s’être tue devant dix-sept correspondances casamançaises, du 9 janvier 1983 au 4 avril 1987, se dérobe encore aujourd’hui […] en gratifiant la Casamance du contre-témoignage d’un expert, pour la circonstance plus sénégalais que français, dont les déclarations n’engagent nullement le gouvernement de la République française dans toutes ses composantes. C’est ce prétendu témoignage de la France, disons-le franchement, ce faux-témoignage de Monsieur l’Expert, que récusent, par un “contre-témoignage”, aujourd’hui et demain, tous les fils authentiques de la Casamance. »
ARDiallo
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