Casamance : Manifeste des élus de la Casamance pour un territoire autonome (6 septembre 1958)
Le « Manifeste des élus de la Casamance« , daté du 6 septembre 1958, exprime la volonté ferme de la Casamance de poursuivre son développement dans la dignité et l’autonomie, au sein de la Communauté franco-africaine. Ce manifeste a été rédigé dans les bureaux du commandant de cercle français Amédée Brousset, signé par tous les élus présents (à l’exception du commandant de cercle), et envoyé directement aux autorités françaises. Selon les archives officielles, consultées par Séverine Awenengo Dalberto et rapportées dans son livre « L’idée de la Casamance autonome », le manifeste a été immédiatement transmis par Brousset au gouverneur de la colonie. Ce dernier l’a envoyé, le même jour, au ministère français de l’Outre-mer par télégramme.
L’appel à soutenir le manifeste est adressé spécifiquement aux électeurs de la Casamance, et non à ceux de l’ensemble de l’A.O.F. (Afrique Occidentale Française). L’objectif est clairement de décider de l’avenir de la Casamance, sans inclure le Sénégal, qui n’est même pas mentionné. Ce choix montre que les autorités de la Casamance veulent organiser le territoire de manière autonome. La Casamance est ici personnifiée, affirmant vouloir évoluer avec « dignité » dans le cadre de la Communauté franco-africaine. La notion de « dignité » est essentielle dans l’argumentation en faveur du référendum, et elle renvoie à une idée de nationalisme. Derrière le « Oui« , il y a l’espoir de créer un territoire autonome, plutôt que simplement de maintenir des liens avec la France.
Le Journal du Pays met à la disposition de ses lectrices et lecteurs le contenu du Manifeste.
MANIFESTE DES ÉLUS DE LA CASAMANCE
Les élus de la Casamance soussignés réunis à Ziguinchor les 5 et 6 septembre 1958 pour discuter des questions d’actualité concernant leurs circonscriptions,
CONSIDÉRANT les événements politiques de l’heure et la confusion qui s’instaure dans l’esprit des masses,
CONSIDÉRANT les conséquences nombreuses proches ou lointaines que peuvent avoir les prises de position de collectivités régionales territoriales ou fédérales en regard du projet de constitution de la Ve République qui sera soumis très prochainement au référendum populaire,
CONSIDÉRANT le vœu quasi unanime des populations de Casamance entièrement partagé par ses élus prenant toutes leurs responsabilités à tous les échelons sans attendre de mot d’ordre,
MANIFESTENT solennellement leur volonté de voter et de faire voter oui le 28 septembre 1958 dans toute la région afin de marquer sans équivoque la ferme résolution de la Casamance de poursuivre son évolution dans la dignité et dans le cadre de la Communauté franco-africaine.
Signés par :
MM. Ibou Diallo, Sénateur, Conseiller territorial de la Casamance,
Dembo Coly, Vice-Président de l’Assemblée Territoriale, Conseiller territorial de la Casamance,
Macodou Ndiaye, Questeur de l’Assemblée Territoriale, Conseiller territorial de la Casamance,
Édouard Diatta, Ministre de la Santé publique, Conseiller territorial de la Casamance,
Abdoulaye Fofana, Grand conseiller de l’AOF, Conseiller territorial de la Casamance,
Émile Badiane, membre de la Commission permanente de l’Assemblée Territoriale, Conseiller territorial de la Casamance,
Yoro Kandé, Président de la Commission des Finances de l’Assemblée territoriale, Conseiller territorial de la Casamance,
Moussa Coly, Conseiller territorial de la Casamance,
Ansou Mandian, Conseiller territorial de la Casamance
Fait à Ziguinchor, le 6 septembre 1958
ARDiallo
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