En ce jour de Noël 2024, la Casamance se trouve à un carrefour décisif de son histoire. Ce Noël, marqué par la naissance de Jésus-Christ, nous invite à repenser notre avenir collectif, à oser rêver d’une Casamance réconciliée en elle-même, paisible et libre. Sœur Marie Thérèse, dans ses paroles inspirantes, rappelle que « la foi est espérance à la paix et au bonheur des Casamançais ». Noël, symbole de la lumière venue dissiper les ténèbres, doit être l’occasion de renouer avec cette espérance en la liberté et en la paix pour tous les fils et filles de cette terre meurtrie.

La Casamance, pendant deux centenaires, a connu des souffrances profondes : des conflits, des injustices, des séparations. Mais en ce temps de Noël, nous devons voir en Jésus-Christ, non seulement la source de notre foi, mais aussi l’incarnation d’un projet divin pour notre peuple. Dieu n’a pas abandonné la Casamance. Comme l’annonce le prophète Jérémie, « Je sais, moi, les desseins que je forme pour vous, oracle du Seigneur, desseins de paix et non de malheur, pour vous donner un avenir et une espérance » (Jr 29, 11). Ces paroles résonnent comme un appel vibrant à l’unité des cœurs, à la réconciliation et à la libération des âmes et des corps prisonniers de la violence et de l’injustice.

Le temps de Noël nous invite à comprendre que chaque détenu, chaque victime de la violence, chaque citoyen pris dans les mailles du conflit a un droit fondamental à la dignité et à la liberté. En ce Noël 2024, un appel doit être lancé pour la libération des détenus politiques de la Casamance, symboles des souffrances endurées par ceux qui se battent pour une Casamance libre et juste. Ces hommes et ces femmes, qui ont sacrifié leurs libertés pour défendre la cause de la paix, méritent notre solidarité et un Noël de délivrance.

Les chrétiens, en particulier, sont appelés à être des acteurs du changement dans cette dynamique de réconciliation et de paix. Comme le disait Sœur Marie Thérèse, la vocation sociale du chrétien est de « constituer la force courageuse pour un peuple sur le chemin de la liberté ». Cette liberté ne se construit pas seulement dans les discours ou les promesses, mais dans les actes concrets de solidarité, de compréhension et de justice. En ce Noël, nous devons redoubler d’efforts pour marcher ensemble, croyants et non-croyants, pour reconstruire une fraternité casamançaise qui dépasse les clivages ethniques et politiques, une fraternité basée sur l’amour du prochain, la justice et l’égalité.

Le colloque récent des messages de l’Église catholique de Casamance et le dialogue inclusif entre les enfants de la Casamance ouvrent une voie nouvelle. Une voie qui invite chaque Casamançais à se tourner vers l’avenir avec une foi inébranlable en la paix. Car, le projet de Dieu pour notre terroir est celui d’une paix véritable, d’une liberté profonde et d’une prospérité partagée. Nous croyons que, tout comme Jésus-Christ a triomphé de la mort pour nous offrir la vie éternelle, nous, les enfants de la Casamance, pouvons triompher de nos épreuves pour embrasser un avenir radieux, réconcilié et libre.

Joyeux Noël à tous les Casamançais ! Que cette fête soit le début d’une nouvelle ère, celle où chaque cœur, chaque famille, chaque village pourra vivre en paix, dans la liberté et la dignité. Que l’espérance de Noël illumine nos vies et nous guide vers un avenir de vérité, de justice, de réconciliation et d’indépendance.

Samsidine Badji (SAM)