Casamance : Rétrospective de Janvier à Avril 2024
L’embargo imposé par le président sénégalais Macky Sall sur la Casamance reste en vigueur, affectant particulièrement les populations civiles.
6 janvier 2024 : Arrestations arbitraires et tortures
L’armée sénégalaise poursuit sa répression contre les civils en Casamance. Le village d’Ougonor, au Nord de la Casamance, est le théâtre de l’arrestation brutale de toute la famille Bodian : Sounkarou, Sady, Sadio, Madame Niamo, et Kalifa Bodian. À Balla Djiring, Anifane Diédhiou et Douto Diédhiou sont battus avant d’être enlevés. À Batanding Boudiakène, Kassari Badji et Bori Badji sont également arrêtés, menottés et emmenés vers une destination inconnue. Ces événements témoignent de la continuation des abus militaires en Casamance, où les arrestations et tortures semblent systématiques.
7 janvier 2024 : Mariage de Sadio Mané et anniversaire de la tuerie de Boffa-Bayotte
• Mariage de Sadio Mané : Le footballeur international, d’origine casamançaise, Sadio Mané, se marie à l’âge de 31 ans avec Aïcha Tamba, peu après l’inauguration de son stade à Bambali.
• Tuerie de Boffa-Bayotte : Le 7 janvier marque le 7e anniversaire de la tuerie de Boffa-Bayotte. René Capain Bassène et Omar Ampoi Bodian, et 20 autres prisonniers politiques casamançais sont détenus en prison.
13 au 19 janvier 2024 : Commémoration de l’Abbé Diamacoune Senghor
Du 13 au 19 janvier, les Casamançais commémorent le 17e anniversaire de la mort de l’Abbé Augustin Diamacoune Senghor, figure historique du MFDC. Il est décédé en 2007 à l’hôpital du Val-de-Grâce à Paris. Ce moment de mémoire ravive les tensions liées à l’indépendantisme et aux luttes du peuple casamançais pour sa liberté.
10 février 2024 : Meurtre de Landing Camara à Ziguinchor
À Ziguinchor, dans le quartier de Lyndiane, la gendarmerie sénégalaise abat de manière brutale l’élève de 22 ans Landing Camara lors d’une manifestation contre les violences militaires. L’attaque, filmée et diffusée sur les réseaux sociaux, choque profondément la population. Six autres manifestants sont grièvement blessés et hospitalisés, alimentant la colère contre l’armée et le gouvernement.
26 février 2024 : Hommage à Prospère Clédor Senghor
Prospère Clédor Senghor, étudiant en mathématiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, est tué lors d’une manifestation à Saint-Louis contre le régime de Macky Sall. Son corps est rapatrié à Cabrousse en Casamance, où la population lui rend hommage en le considérant comme une victime de l’oppression militaire. Ce décès symbolise la répression violente à laquelle sont confrontés les Casamançais dans leurs luttes pacifiques.
8 mars 2024 : Macky Sall félicite les miliciens criminels de Diakaye
Le président sénégalais Macky Sall reçoit et félicite les miliciens de Diakaye, responsables de nombreuses exactions et crimes en Casamance. Cette annonce est perçue comme une provocation par la population locale et alimente davantage la réprobation de l’autorité sénégalaise en Casamance.
17 mars 2024 : Accueil triomphal de Sonko et Diomaye Faye
Malgré la chaleur intense du mois de Ramadan, la Casamance connaît une mobilisation exceptionnelle pour l’accueil de Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye. De Ziguinchor au Cap Skirring en passant par Bignona, des milliers de Casamançais se rassemblent à pied, à vélo et en moto pour exprimer leur soutien à la caravane de Sonko et de Diomaye Faye. Ce rassemblement est perçu comme un symbole de l’espoir de la Casamance pour un avenir politique différent.
28 mars 2024 : Élection de Bassirou Diomaye Diakhar Faye
Lors des élections présidentielles du 24 mars 2024, Bassirou Diomaye Faye, soutenu par le leader de PASTEF, Ousmane Sonko, obtient un soutien massif en Casamance, remportant 54,28 % des voix à l’échelle nationale et 87 % à Ziguinchor. Ce résultat marque un rejet clair du régime de Macky Sall et reflète l’aspiration à un changement politique radical en Casamance.
4 avril 2024 : Réaction du MFDC au discours de Bassirou Diomaye Faye
Le 4 avril 2024, le MFDC, depuis son siège de Mangoucouro à Ziguinchor, réagit vivement au discours du nouveau président, Bassirou Diomaye Faye. Les indépendantistes expriment leur mécontentement quant à l’absence de mention de la Casamance dans son discours. Ils dénoncent l’inaction du gouvernement sur les problèmes fondamentaux de la Casamance et insistent sur la nécessité de réformes profondes pour garantir une véritable paix et reconnaissance des droits du peuple casamançais.
22 avril 2024 : Mobilisation populaire et revendications indépendantistes
La jeunesse indépendantiste en Haute Casamance organise une grande mobilisation pour dénoncer les violences militaires, les massacres, et les conditions de vie des Casamançais sous le régime de Macky Sall. Les jeunes indépendantistes réclament:
• L’arrêt immédiat des offensives militaires et le retrait des troupes sénégalaises de la Casamance.
• La reconnaissance et la condamnation internationale des massacres perpétrés depuis 1982.
• La libération des prisonniers politiques casamançais et la fin de la répression.
• L’intervention de la France pour prendre ses responsabilités face aux crimes de guerre commis en Casamance.
Les Casamançais réaffirment leur droit à l’autodétermination et l’arrêt des politiques discriminatoires qui continuent de déstabiliser la région.
Conclusion :
Le premier quartal de 2024 en Casamance a été marqué par une intensification des violences militaires, des arrestations arbitraires et des meurtres, alimentant le mécontentement populaire. Les élections présidentielles et les manifestations populaires ont montré un rejet fort du régime en place et une volonté de changement en faveur de l’autodétermination. Toutefois, la déception vis-à-vis du nouveau président, Bassirou Diomaye Faye, s’est rapidement installée, notamment après son discours inaugural où il n’a pas abordé la situation spécifique de la Casamance. Les revendications pour la paix, la justice et l’autodétermination des Casamançais restent plus que jamais d’actualité.
ARDiallo
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