Casamance: Rétrospective de Septembre à Décembre 2024
Septembre 2024 :
Début septembre : Les prisonniers politiques casamançais, arrêtés entre 2021 et 2024, sont transférés de Dakar à la prison de Ziguinchor. Il s’agit de Lamine Barry, Diénéba Bodian, Ben Hassim Bodian, Lamine Diané, Thierno Diallo, Lamine Diédhiou, Sidy Diédhiou, Babacar Tandiang Doucouré, Adama Bamba Mané, Jean Christophe Sambou, Amadou Sagna, Malick Sané, Dembo Tamba, Kadialy Tamba.
3 septembre : René Capain Bassène, journaliste d’investigation, entame une grève de la faim en raison d’une affaire judiciaire qu’il considère comme un coup monté. Il est évacué à l’hôpital de Ziguinchor, où sa vie est en danger.
10 septembre : Les intellectuels et universitaires casamançais dénoncent la stratégie militaire de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, estimant que la question casamançaise doit être abordée politiquement, et non par des mesures militaires et économiques.
16 septembre : Un éleveur du village de Diamevelli, Samba Ba, est exécuté par l’armée sénégalaise après avoir refusé de céder son troupeau de manière forcée.
26 septembre : La commémoration du naufrage du Joola, tragédie maritime qui a fait plus de 2000 victimes en 2002, ravive les blessures collectives et l’absence de justice, marquant chaque année une journée de mémoire pour les familles des victimes.
Septembre : Des protestations éclatent dans la commune de Bignona, où les habitants de 17 villages dénoncent les atrocités commises sous la présence militaire sénégalaise, telles que les vols de bétail, les viols, les destructions de biens, et les abus envers les civils.
Octobre 2024 :
9 octobre : Les réfugiés casamançais hésitent à retourner chez eux, malgré les appels des autorités sénégalaises. L’insécurité et l’absence de solutions politiques entraînent un refus de retour.
20 octobre : Le communiqué de la jeunesse indépendantiste de Casamance (JICASA) réitère l’engagement pour l’indépendance de la région, dénonce les mauvais traitements des prisonniers politiques et exprime sa solidarité avec les populations déplacées.
26 octobre : La présentation du livre L’idée de la Casamance autonome de Séverine Awenengo Dalberto est annulée par le gouvernement, ce qui suscite une forte réaction médiatique. Le livre aborde l’histoire de l’autonomie de la Casamance durant la colonisation et la décolonisation.
Dans son livre Madame Dalberto confirme qu’en mars 1914, Ziguinchor, alors capitale de la Casamance, a été le théâtre d’une manifestation exceptionnelle, résonnant avec des revendications audacieuses et avant-gardistes pour l’époque. Les habitants ont accueilli le gouverneur général de l’Afrique-Occidentale française (AOF), William Ponty, avec des pancartes arborant des slogans sans équivoque : « Vive la Casamance », « Vive Ponty », « Vive l’Autonomie ».
Novembre 2024 :
3 novembre : Amidou Djiba, porte-parole du MFDC, critique Ousmane Sonko pour avoir politisé la question casamançaise, insistant sur le fait que le problème relève avant tout de la décolonisation.
22 novembre : Des violences éclatent entre étudiants et policiers à l’Université Assane Seck de Ziguinchor, les étudiants manifestant contre les mauvaises conditions d’études.
24 novembre : Une cérémonie historique célèbre la consécration de Mgr Jean Baptiste Walter Manga en tant que nouvel évêque de Ziguinchor, un événement marquant pour la Casamance naturelle.
28 novembre : René Capain Bassène porte plainte pour négligence médicale contre un médecin de l’hôpital de Ziguinchor, en raison du mauvais traitement reçu après ses blessures de 2018.
Décembre 2024 :
11 décembre : Diénéba et Ben Hassim Bodian, prisonniers politiques casamançais, sont libérés après avoir passé plusieurs mois en détention arbitraire à Ziguinchor.
11 décembre : Une embuscade menée par les combattants Atika du MFDC tue au moins deux soldats sénégalais dans le nord de la Casamance, marquant un nouveau épisode sanglant du conflit.
16 décembre : Les étudiants de l’Université Assane Seck de Ziguinchor connaissent une nouvelle crise, exacerbée par les violences passées. La fermeture temporaire de l’université et la décision d’invalider une partie de l’année académique 2023-2024 accentuent les tensions.
18 décembre : La Casamance commémore la répression sanglante de la marche pacifique du 18 décembre 1983, où l’armée sénégalaise avait violemment dispersé les manifestants réclamant l’indépendance.
26 décembre : La Casamance marque le 42e anniversaire de la manifestation pacifique du 26 décembre 1982, un événement emblématique de la résistance de la région à l’oppression sénégalaise. Bien que des décennies aient passé, la quête de paix et d’indépendance reste vivace.
Cette rétrospective met en lumière un territoire secoué par des luttes de longue haleine, où la quête de justice, de dignité, et d’indépendance continue de marquer la vie quotidienne des Casamançais.
ARDiallo
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