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Casamance : Un Peuple en Jugement à travers le procès de René Capain Bassène et d’Oumar Ampoï Bodian

Casamance : Un Peuple en Jugement à travers le procès de René Capain Bassène et d’Oumar Ampoï Bodian

Demain mercredi, 24 juillet 2024, au Tribunal de Grande Instance de Ziguinchor, s’ouvre le procès en appel de René Capain Bassène et d’Oumar Ampoï Bodian. Au-delà des charges portées contre ces deux hommes dans l’affaire dite de Boffa-Bayotte, c’est l’histoire tourmentée et les injustices subies par le peuple casamançais qui sont mises en lumière. Pour beaucoup, ce procès incarne le jugement d’une région toute entière, marquée par des décennies de conflit, d’injustice et de marginalisation.

La Casamance a été le théâtre de revendications indépendantistes et de luttes contre la colonisation depuis 1645. Le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), fondé par le Professeur Victor Ehuméhemba Diatta, assassiné en 1948 par un complot du président Léopold Sédar Senghor en raison de son engagement, est à l’avant-garde de cette lutte politique pour l’indépendance.

Le peuple casamançais a subi de nombreuses injustices au fil des décennies, qui ont laissé des traces profondes dans la mémoire collective. Parmi les plus marquantes :

L’arrestation et la déportation en 1903 du roi Sihalébé Diatta et de la Reine Aline Sitoé Diatta en 1943 : Figures emblématiques de la résistance casamançaise contre la colonisation française, leur arrestation et déportation ont symbolisé la répression brutale des aspirations à l’indépendance et à la liberté de la Casamance.

Les fosses communes à l’EATA Ziguinchor et à Niambalang sous le régime d’Abdou Diouf : Ces sites sont devenus des symboles tragiques des violences subies par la population locale, où de nombreux corps de victimes du conflit ont été découverts.

Les massacres de Djifagnor et d’Edioungou : Ces villages ont été le théâtre de massacres perpétrés sans qu’aucune suite judiciaire sous le régime d’Abdoulaye Wade n’ait été donnée, ajoutant au sentiment d’injustice et d’impunité.

Les assassinats de jeunes Casamançais de 2021 à 2024 : Sous le régime de Macky Sall, plusieurs jeunes Casamançais ont été tués par balles à Diaobé, Kolda, Kédougou, Bignona, Oulampane, Ziguinchor et Dakar, dont Mariama Sagna, Fulbert Sambou, Didier Badji et François Mancabou, exacerbant les tensions et la colère au sein de la population.

René Capain Bassène et Oumar Ampoï Bodian, accusés d’atteinte à la sûreté de l’État, sont considérés par beaucoup comme des prisonniers politiques. Leurs avocats plaident que les preuves contre eux sont insuffisantes et qu’ils sont en réalité punis pour leur engagement en faveur des droits humains de la Casamance.

Pour les Casamançais, ce procès représente bien plus que le sort de deux hommes. Il s’agit d’une occasion de mettre en lumière les injustices historiques et actuelles subies par la région. Les familles des victimes et de nombreux habitants de la Casamance, de Toubacouta à Ziguinchor, seront présents demain devant le tribunal, espérant que la justice reconnaîtra leurs souffrances et leur désir de reconnaissance, de liberté et d’indemnisation.

Le verdict de ce procès en appel pourrait avoir des répercussions significatives. Un jugement équitable pourrait ouvrir la voie à un dialogue renouvelé et à une réconciliation, tandis qu’une confirmation des condamnations pourrait raviver les hostilités et les ressentiments. Les nouvelles autorités sénégalaises, conscientes de ces enjeux, suivront attentivement le déroulement des audiences. Espérons le !

Demain les yeux du monde se tourneront vers Ziguinchor, la capitale de la Casamance. Un verdict juste et équitable pourrait marquer le début d’une nouvelle ère pour la Casamance. Et l’on s’interrogera, si les conclusions du dialogue national sur la justice du nouveau Président Bassirou Diomaye Faye s’imposeront, ou bien, si le régime injuste de Macky Sall triomphera encore en Casamance malgré le vote décisif des Casamançais pour élire Diomaye Faye.

En cette journée historique du 24 juillet, la Casamance se tient unie, non seulement pour soutenir René Capain Bassène et Oumar Ampoï Bodian, mais aussi pour revendiquer son droit à la justice et à la reconnaissance. Ce procès est bien plus qu’une affaire judiciaire ; c’est le jugement d’un peuple en quête de justice, de vérité et de liberté pour marquer à jamais l’histoire de l’Afrique des peuples libres.

ARDiallo

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