Casamance : Une lutte historique pour l’autodétermination
L’histoire et la résistance de la Casamance, de l’ère coloniale jusqu’ànos jours, sont soumises au silence des autorités sénégalaises sur la répression et les violences infligées aux Casamançais. Censurée et minimisée, cette partie de l’histoire reste trop souvent ignorée par les récits officiels, au détriment de la vérité et de la mémoire des victimes.
Les racines coloniales et les prémices de la résistance
La Casamance a été soumise à des décisions prises par les états étrangers, d’abord par les colonisateurs portugais, puis par la France, et enfin par le Sénégal indépendant. En 1645, les Portugais s’établissent à Carabane, posant les bases de la domination européenne qui s’intensifie au fil des décennies. Après des batailles sanglantes entre les Casamançais et les forces coloniales françaises, la résistance locale est invaincue. Les batailles de Hilol (1860) et de Sandinièry (1861) témoignent de la détermination des Casamançais à défendre leur indépendance face aux forces coloniales. Le gouverneur Camille Guy, dans un élan de réorganisation, transfère la capitale de Sédhiou à Ziguinchor en 1908, marquant une nouvelle étape dans l’assujettissement de la région.
Toutefois, cette lutte contre les puissances coloniales s’inscrit dans une histoire plus large de décolonisation qui transcende les frontières de la Casamance et du Sénégal, symbolisant le désir de libération des peuples colonisés.
La transition de la domination coloniale à l’occupation sénégalaise
Après l’indépendance du Sénégal en 1960, les aspirations à l’autonomie et à l’indépendance de la Casamance se heurtent aux promesses mensongères de Léopold Sédar Senghor. Les décisions d’unification et de division, comme celle de 1962 qui scinde la Casamance en deux régions administratives, exacerbent les tensions. Le régime de Senghor, par ses discours et actions répressives, établit un climat de méfiance et de violence. Dès les années 1970, les Casamançais subissent des répressions violentes et des exactions systématiques.
La répression et les atrocités du régime sénégalais
Les années 1980 marquent un tournant dans la lutte pour l’indépendance. Les massacres, emprisonnements et disparitions forcées se multiplient, notamment lors des manifestations pacifiques, telles que celles de 1980, de décembre 1982 et 1983. L’armée sénégalaise, déployée massivement en Casamance, est responsable de tortures et de traitements inhumains dans des centres de détention comme ceux de Reubeus et Camp Pénal à Dakar, de Rufisque et de Koutal. Le traitement des femmes Casamançaises, leur emprisonnement et leur déportation, accentue l’oppression. Les révoltes s’intensifient, soutenues par des mouvements comme le MFDC (Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance) créé en 1947, qui réclame l’indépendance par tous les moyens. L’essor de mouvements politiques et de revendications pour l’autonomie s’est intensifié avec des figures comme l’Abbé Augustin Diamacoune Senghor, qui a plaidé pour l’indépendance et a été emprisonné à plusieurs reprises.
Un processus de paix en trompe-l’œil
Malgré les accords de cessez-le-feu, tels que ceux de 1991 à Cacheu et de 1992, la situation reste instable. La répression persiste, illustrée par les massacres de 1993 et les attaques répétées contre les civils et les forces sénégalaises. Le processus de paix, loin de résoudre le problème, est souvent instrumentalisé pour des raisons politiques. Les rapports internationaux, comme ceux du bibliothécaire français Jacques Charpy en 1993, occultent la réalité des souffrances endurées par les Casamançais, contribuant à la persistance du déni.
L’héritage de la résistance
Rendre hommage aux résistants et aux victimes de cette histoire n’implique pas d’oublier ou de minimiser l’ampleur de la répression. L’histoire de la Casamance, ses luttes, ses sacrifices et ses espoirs, méritent d’être racontés de manière complète et honnête. Se taire sur les crimes, les exactions et les décisions répressives qui ont marqué la région contribue à l’injustice et à l’oppression persistante. Aujourd’hui encore, la question de la Casamance reste un défi majeur pour le Sénégal, au croisement de la mémoire collective et de la recherche d’une paix durable. Un regard juste et objectif est nécessaire pour que les voix des Casamançais pour l’indépendance nationale soient entendues.
Pierre Coly
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté en pour poster un commentaire.