Une scène digne des meilleurs thrillers s’est jouée samedi à l’aéroport international Osvaldo Vieira de Bissau, où un avion en provenance du Mexique, transportant une cargaison impressionnante de drogue, a été intercepté par une opération conjointe explosive menée par les agents américains de la DEA (Drug Enforcement Agency) et la Police Judiciaire de Guinée-Bissau. Les détails de cette affaire secouent déjà les plus hautes sphères du pouvoir, laissant planer une ombre inquiétante sur le pays.

Il était à peine midi lorsque l’avion, suspecté depuis plusieurs jours, a atterri sur le tarmac de Bissau, pour ce qui devait être un vol discret. Mais loin d’être passé inaperçu, l’appareil a été immédiatement encerclé par les forces de l’ordre, avant d’être immobilisé sans possibilité de décollage. Le pilote et l’ensemble de l’équipage composés cinq passagers, dont deux Mexicains, un Brésilien et un Equatorien, ont été arrêtés dans la foulée, laissant peu de doute sur l’objectif de ce vol mystérieux : un transport illégal de drogue, à une échelle massive.

Les sources policières n’ont pas tardé à confirmer l’ampleur de la saisie. Si le poids exact des stupéfiants n’a pas encore été officiellement révélé, les premières estimations parlent de centaines de kilos, potentiellement destinés à inonder le marché européen via des réseaux mafieux bien rodés. L’opération, minutieusement préparée par la DEA et la PJ, a frappé un grand coup dans cette région de l’Afrique de l’Ouest, souvent considérée comme une plaque tournante du trafic de drogue international.

Mais ce qui secoue davantage l’opinion publique, ce sont les révélations troublantes qui émergent des premières heures d’interrogatoire des suspects. En garde à vue, plusieurs membres de l’équipage auraient mentionné, à plusieurs reprises, le nom du Président guinéen, Umaro Sissoco Embaló. Actuellement en déplacement officiel au Vietnam, le Président se retrouve au centre de cette affaire retentissante. Une coïncidence ou une implication directe ? Les spéculations vont bon train et jettent une lumière inquiétante sur une éventuelle implication des plus hautes instances du pouvoir dans ce trafic international.

Cette nouvelle affaire rappelle tristement un épisode similaire survenu en février 2009. À l’époque, un jet également en provenance du Venezuela avait été intercepté à l’aéroport de Bissau avec pas moins de 500 kilos de cocaïne à son bord. Ce précédent, qui avait déjà secoué la Guinée-Bissau, resurgit aujourd’hui comme un sombre rappel de la persistance des réseaux criminels opérant en toute impunité.

Alors que l’enquête suit son cours, les rumeurs d’un État captif des cartels de la drogue prennent de l’ampleur. Si les liens entre ce nouveau trafic et le Président Embaló devaient être confirmés, ce serait un séisme politique aux répercussions incalculables pour l’image de la Guinée-Bissau sur la scène internationale.

La Guinée-Bissau, régulièrement citée comme l’une des plateformes de transit majeures de la drogue en Afrique de l’Ouest, se trouve à nouveau sous les projecteurs. Le pays, autrefois surnommé la « Narco-État« , semble aujourd’hui renouer avec ce sombre héritage, et les prochains jours s’annoncent décisifs pour faire la lumière sur cette affaire tentaculaire.

Balanta Mané