Casamance : Ce que le Sénégal cache au Monde : Morts, disparitions et manœuvres en Gambie

Depuis plus de dix jours, c’est un silence assourdissant. Après l’embuscade sanglante du 16 avril 2025 à Mongone, en Casamance, où quatre soldats sénégalais ont trouvé la mort et où plusieurs autres sont portés disparus, l’armée sénégalaise a cessé toute communication claire. Un véhicule de l’armée saute sur une mine antichar le 22 avril près du village de Badème au Sud de Ziguinchor, six soldats sénégalais ont perdu la vie. Le peuple sénégalais est tenu dans l’ignorance, dans un brouillard de désinformation savamment entretenu. Un mutisme lourd, inquiétant, presque coupable.
Où sont ces « Jambaars » nom attribué aux soldats sénégalais ? Sont-ils morts ou abandonnés dans les forêts de Casamance ? Sont-ils retenus en captivité par les combattants « Atika » du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) ?
Le pouvoir sénégalais, lui, regarde ailleurs. Il organise des voyages feutrés en Gambie, il s’agite dans des salons dorés, pendant que sur le terrain, les familles dans la peur, s’exilent ou attendent, les cœurs saignent et l’angoisse ronge.
Officiellement, seul un militaire sénégalais serait « porté disparu ». Officieusement, la rumeur court que plusieurs soldats manquaient à l’appel.
Le déplacement précipité du ministre sénégalais des Forces armées, le général Birame Diop, en Gambie — du 17 au 18 avril —, suivi d’une délégation militaire au camp de Kanilaye le 25 avril pour une réunion de trois heures, ne fait qu’épaissir le mystère.
Que cherchent-ils ? Une alliance avec l’armée gambienne ? Une opération conjointe pour retrouver les disparus ? Ou pire : une escalade régionale du conflit ?
Les experts militaires sont formels : ces entretiens discrets en Gambie ne sont pas anodins. Ils révèlent la fébrilité d’un pouvoir sénégalais en difficulté, confronté à une guérilla, toujours vivace, des combattants du MFDC, ces indépendantistes casamançais que l’on disait pourtant affaiblis, à bout de souffle. Erreur de calcul ou aveuglement politique ?
On prépare peut-être une nouvelle opération militaire dont les premières victimes seront, encore une fois, les jeunes soldats sénégalais envoyés mourir pour une guerre qu’on refuse de nommer.
Pendant ce temps, la presse sénégalaise — habituellement prompte à commenter le moindre fait divers militaire — reste étrangement muette. Pourquoi ce black-out ? Quels ordres ont été donnés dans les rédactions ?
Le rêve d’une paix définitive en Casamance, maintes fois annoncé à grand renfort de communiqués triomphants, apparaît aujourd’hui comme une chimère. La reprise des combats, les disparitions de soldats, les manœuvres secrètes en Gambie sont autant de signaux d’alerte que Dakar voudrait étouffer, mais que la réalité impose brutalement.
La vérité est simple : la guerre en Casamance n’est pas terminée. Elle se transforme, s’enracine, et risque même de s’étendre. Pendant que l’armée ratisse la forêt, que les familles des disparus pleurent en silence, et que les ministres négocient en coulisse, le peuple sénégalais, lui, n’a pas le droit à la vérité. Il est temps de lever le voile sur ce qui se joue réellement en Casamance. Car cacher la guerre n’a jamais empêché le sang de couler.
Non, la paix en Casamance n’est pas en marche. Elle n’a jamais été aussi loin.
Non, la situation n’est pas sous contrôle. C’est un échec militaire, politique, moral.
Un drame que l’on tente de maquiller à coups de communiqués lénifiants, alors que sur le terrain, la réalité est rouge de sang. Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de guerre en Casamance : il s’agit de vérité, de dignité, de justice et de liberté pour la Casamance.
Emile Tendeng
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