Casamance : Cinq soldats sénégalais tués dans une explosion de mine à Badême au sud de Ziguinchor

L’enfer a resurgi hier mardi 22 avril 2025, peu avant 17 heures, au cœur de la brousse casamançaise. Un véhicule militaire de transport de troupes de l’armée sénégalaise a sauté sur une mine artisanale aux abords du village de Badême, à une dizaine de kilomètres au sud de Ziguinchor, ravivant les sombres souvenirs d’un conflit vieux de plus de quarante ans. Cinq militaires sénégalais ont perdu la vie dans cette attaque et plusieurs autres gravement blessés.
Le véhicule, chargé de vivres, de munitions et de neuf soldats, circulait sur une piste en terre battue au cœur de la brousse dense et truffée d’embuscades. L’explosion qui été entendue dans plusieurs localités, comme Toubacouta, Nyassia et Darassalam, a été soudaine, violente, pulvérisant le véhicule et projetant les corps à plusieurs mètres. Trois militaires ont été tués sur le coup. Deux autres ont succombé à leurs blessures quelques heures plus tard, faute d’intervention rapide. Les secours, bloqués par la crainte d’une seconde attaque et les difficultés d’accès, sont arrivés trop tard pour empêcher ce nouveau drame.
« Il y a eu cinq décès sur le coup et deux blessés graves, tous amputés des deux jambes. Les blessés ont été transférés à l’hôpital militaire de Ouakam à Dakar ce matin », indique une source hospitalière locale.
Le secteur où s’est produite l’explosion est connu pour être contrôlé par les combattants Atika des indépendantistes du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC). Selon des sources militaires, la crainte d’une embuscade a fortement ralenti les secours, le MFDC ayant multiplié les attaques ces dernières semaines, suggérant une résurgence du conflit longtemps contenu.
« Les mines artisanales sont devenues leur arme favorite. Elles font autant de dégâts physiques que psychologiques. Ce sont des pièges invisibles dans un théâtre d’opérations où l’ennemi se fond dans la nature », confie un officier sénégalais sous anonymat.
Ce drame s’inscrit dans une série macabre. Le 16 avril dernier, au moins quatre soldats sénégalais ont été tués et plusieurs autres portés disparus lors d’une embuscade dans la zone forestière de Mongone, dans le département de Bignona. Quelques semaines auparavant, le 12 février, six soldats tombaient à leur tour dans une attaque éclair dans le parc national de Basse Casamance, au sud d’Oussouye, à proximité du très touristique Cap-Skirring.
Jusqu’à présent, aucune réaction officielle n’est venue du gouvernement sénégalais, ni du Haut commandement militaire. Un silence que beaucoup jugent pesant, voire dangereux, dans un contexte où la paix en Casamance est chantée de tout part sans une réelle évolution, car les familles des soldats tombés dans ces guet-apens, elles, n’auront que peu de consolation.
Balanta Mané
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté en pour poster un commentaire.