Casamance / Guinée-Bissau : L’arnaque de la paix – Des milliards engloutis, des promesses trahies
Ce devait être un accord historique, une lueur d’espoir pour mettre fin à des décennies de conflit en Casamance. Pourtant, derrière les signatures solennelles et les discours rassurants, se cache une sombre réalité : une escroquerie à grande échelle, impliquant des milliards de francs CFA, des intermédiaires douteux et des promesses de paix qui n’ont jamais vu le jour.
Le 4 août 2022, à Bissau, Lansana Fabouré, ancien trésorier de Diakaye, et César Atoute Badiate, un ancien combattant du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), ont signé un accord dit de « paix et de dépôt des armes » avec le représentant de Macky Sall, le Contre-Amiral Farba Sarr, chef des services secrets sénégalais. Cet accord, parrainé par le président autoproclamé de Guinée-Bissau, Umaru Sissoco Embalò, et soutenu par l’ONG Humanitarian Dialogue (HD), représentée par Madame Ndèye Khady Diouf, devait marquer un tournant dans la résolution du conflit en Casamance.
Pourtant, plus d’un an et demi plus tard, rien n’a changé. Selon une source proche de la présidence bissau-guinéenne, « nous assistons à une grande arnaque. Ces escrocs nous ont promis la paix et la remise des armes au nom du MFDC, mais en réalité, ils ne représentent qu’eux-mêmes. »
Des milliards de CFA dépensés en vain
Plus de trois milliards de francs CFA ont été engloutis dans ce processus de paix fantôme. Des voyages luxueux aux îles Cap-Vert, des nuitées dans des hôtels de luxe à Cap Skirring, des repas somptueux dans des restaurants, et surtout, des pots-de-vin versés à des intermédiaires, des ONG et des journalistes proches du président sénégalais Macky Sall et de Umaru Sissoco Embalò.
Parmi les ONG impliquées figurent le GRPC, le CP, le COSPAC, le CNAM et même la Croix-Rouge. Des noms qui devraient incarner l’humanitaire et la transparence, mais qui semblent avoir été instrumentalisés dans cette vaste opération de corruption.
Des promesses en l’air, des armes toujours là
Selon un combattant du bataillon 2 du MFDC, du nom de Bandji, « il n’y a jamais eu de compte rendu aux troupes sur cet accord. Je ne connais aucun combattant prêt à remettre une seule arme aux Sénégalais ou aux Bissau-Guinéens. Nous sommes dans le maquis pour nous battre et pour l’indépendance de la Casamance. »
Ces propos confirment ce que beaucoup soupçonnaient déjà : Lansana Fabouré, César Atoute Badiate et leurs acolytes ne représentaient pas le MFDC. Ils ont agi pour leur propre compte, profitant de la crédulité des autorités et de la communauté internationale.
Les coupables sous pression
Du 21 au 26 janvier 2025, plusieurs membres de cette bande ont été convoqués dans l’auberge Octavio à Sao Domingo, en Guinée-Bissau, pour rendre des comptes. Parmi eux, Lansana Fabouré, Pape Sadio, Rambo Bassène, Louis Tendeng, Youssou Coly, César Atoute, Abraham et Daniel Diatta. Ces individus, dont les noms ont fuité, sont désormais dans le collimateur du gouvernement bissau-guinéen.
« Ces gens sont connus, et ils auront affaire à notre gouvernement. Nous n’allons pas tolérer ce genre d’abus de confiance et de mensonges », a déclaré la source de la présidence.
Une paix toujours hors de portée
Alors que les fonds alloués à la paix ont été dilapidés, la Casamance reste plongée dans la violence. Les combattants du MFDC, déterminés à poursuivre leur lutte pour l’indépendance, refusent de déposer les armes. Et pour cause : ceux qui prétendaient les représenter n’avaient aucun mandat pour le faire.
Cette affaire révèle non seulement une escroquerie financière, mais aussi une trahison des espoirs de paix des populations de Casamance. Elle soulève des questions troublantes sur la gestion des fonds alloués à la résolution des conflits et sur la crédibilité des acteurs impliqués.
Alors que les responsables de cette arnaque sont sommés de rendre des comptes aux gouvernements sénégalais et bissau-guinéen, une question demeure : qui, au final, paiera le prix de cette paix volée ?
Balanta Mané : Cet article est le fruit d’une enquête approfondie sur les dessous d’un accord de paix qui a tourné au fiasco. Les noms cités sont ceux des principaux acteurs impliqués dans cette affaire. Les faits rapportés sont corroborés par des sources fiables et des témoignages directs.
Commentaires (2)
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Safi
ces bandits sont des habitués de l’argent facile.
Carlos
C’est cela le régime de Macky Sall. La corruption à outrance et surtout l’impunité. Mais Sissoko Emballo n’accepte pas d’être roulé dans la boue. Il mettra ces gens là en prison comme il le fait à plusieurs membres du Paigc.Ces gens ont trahi la Casamance, le Sénégal et la Guinée-Bissau ! Ils sont forts en magouille !!! Ahahahahahahaha