Casamance : L’enlèvement politique de Bayetoulaye Sané secoue la Gambie et la Casamance
Arrêté, libéré, puis de nouveau interpellé, Omar Sané, alias Bayetoulaye, symbole de la résistance, croupit en prison sans jugement. Les populations gambiennes et casamançaises montent au créneau pour exiger sa libération.
Omar Sané, plus connu sous le pseudonyme de Bayetoulaye, est une figure emblématique de la lutte pour les droits et la liberté en Gambie et en Casamance. Chroniqueur politique redouté et militant infatigable, il a déjà passé plusieurs mois derrière les barreaux à Dakar fin 2023, avant d’être libéré en avril 2024. Mais huit mois plus tard, le voilà de nouveau arrêté, cette fois dans des circonstances qui soulèvent de sérieuses questions sur les motivations politiques derrière son incarcération.
Bayetoulaye, âgé de 54 ans, est un opposant de longue date aux régimes en place en Gambie et au Sénégal. En fin 2023, il avait été arrêté par les autorités gambiennes du président Adama Barrow, puis livré au gouvernement sénégalais de Macky Sall. Après huit mois de détention, il avait finalement retrouvé la liberté en avril 2024, suscitant l’espoir parmi ses soutiens.
En novembre 2024, Bayetoulaye participe au festival culturel organisé par l’Union de la diaspora casamançaise et gambienne à Barkesse, dans le Fogny Niarang, au nord de la Casamance. Invité en tant que personnalité éminente, il est accueilli avec enthousiasme par les populations locales. Mais dès son arrivée, les forces armées sénégalaises, agissant avec l’aval de l’administration de Bassirou Diomaye Faye et d’Ousmane Sonko, l’interpellent le 28 novembre.
Accompagné de militaires et de gendarmes, il est emmené à Ziguinchor, où il est incarcéré sans jugement ni enquête formelle. Cette arrestation brutale a suscité l’indignation des communautés gambiennes et casamançaises, qui y voient une manœuvre politique visant à museler une voix dissidente.
Depuis son incarcération, les appels à la libération de Bayetoulaye se multiplient. Les populations locales, ainsi que des organisations de défense des droits de l’homme, dénoncent une violation flagrante des droits fondamentaux. Pour eux, Bayetoulaye est devenu le symbole de la résistance contre l’oppression et l’injustice.
L’arrestation de Bayetoulaye intervient dans un contexte politique tendu, marqué par des tensions entre la Gambie et le Sénégal, ainsi que par des luttes internes entre le gouvernement d’Adama Barrow proche de Macky Sall et les militants de Yahya Jammeh. Certains observateurs y voient une tentative de faire taire un opposant gênant, tandis que d’autres évoquent des enjeux sécuritaires liés à la situation dans la sous-région.
L’affaire Bayetoulaye dépasse le simple cadre d’une arrestation. Elle met en lumière les défis auxquels sont confrontés les défenseurs des droits humains et les opposants politiques dans une région en proie à des tensions persistantes. Alors que les populations gambiennes et casamançaises continuent de réclamer sa libération, la communauté internationale est appelée à se saisir de ce dossier pour éviter qu’un nouvel épisode sombre ne s’écrive dans l’histoire de l’Afrique de l’Ouest.
Balanta Mané
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