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Casamance : Quand la Journée internationale des droits des femmes résonne comme un cri de guerre

Casamance : Quand la Journée internationale des droits des femmes résonne comme un cri de guerre

En Casamance, le 8 mars 2025 n’a pas été une célébration. Il a été un hurlement. Un hurlement de douleur, de rage et de résistance porté par des milliers de femmes casamançaises, ces indomptables héritières d’Aline Sitoé Diatta, qui refusaient de pincer sous le joug d’une répression brutale.

De Bignona à Kédougou, de Tobor à Alwar, elles se sont regroupées en famille pour pleurer, dénoncer et prier en chantant. Dans les Bois sacrés elles ont brandi leurs calebasses comme des armes, leurs larmes comme des témoignages, leurs voix comme un défi à l’administration sénégalaise, à sa justice défaillante et à son armée oppressive.

Ces femmes, piliers d’une Casamance déchirée par une guerre depuis près d’un demi-siècle, ne demandent pas la pitié. Elles exigent la justice. Elles sont les gardiennes d’une terre spoliée, les éducatrices d’une génération brisée mais debout, les sentinelles d’une identité que l’on tente d’effacer. Pourtant, leur combat se heurte à un mur de silence – celui du Sénégal, mais aussi celui d’un monde qui détourne les yeux.

Une guerre contre les femmes

À Tobor, elles s’élèvent contre des dépotoirs illégaux qui empoisonnent leurs sols et leurs enfants. À Emaye, elles repoussent la présence militaire qui transforme leurs villages en champs de bataille. À Ziguinchor, dans le quartier d’Alwar, elles luttent contre la confiscation de leurs terres, leur seul héritage. Depuis 2021, elles pleurent les disparus, les prisonniers politiques, les victimes de bombardements indiscriminés. Plus de 500 d’entre elles ont fui ces dernières semaines vers la Gambie, chassées par les obus de l’armée sénégalaise. Des milliers d’autres croupissent en exil, en Guinée-Bissau ou ailleurs, arrachés à leur patrie par un conflit qui ne dit plus son nom : ni paix, ni guerre, juste une lente agonie sous la botte d’une occupation prononcée de l’armée sénégalaise ardemment repoussée par les combattants indépendantistes du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC).

Et pourtant, elles respectent. Ces femmes casamançaises, belles et rebelles, incarnent une résistance qui transcende les générations. Elles sont les racines d’un peuple qui refuse de mourir, les flammes d’un feu que ni les armes ni les barbelés ne peuvent éteindre.

Un hommage qui ne suffit pas

Les Casamançais leur rendent hommage, et ils ont raison. Ces femmes sont des héroïnes. Mais un hommage ne guérit pas les blessures. Il ne ramène pas les martyrs. Il ne vide pas les prisons. Il ne rend pas leurs terres aux exilées. Cet hommage doit devenir un cri mondial, une mobilisation internationale pour mettre fin à la répression qui étouffe la Casamance. Car pendant que le monde célèbre les droits des femmes avec des discours policés et des fleurs fanées, ici, ces droits sont piétinés dans le sang et la poussière.

Et maintenant ?

Il est temps que la communauté internationale ouvre les yeux. Que les Nations Unies, les ONG, les défenseurs des droits humains cessent de traiter la Casamance comme une note de bas de page dans l’histoire africaine. Que les féministes du monde entier tendent la main à ces combattantes oubliées. Que les médias, complices de leur silence, braquent enfin leurs projecteurs sur ces femmes qui, dans leurs larmes, portent l’espoir d’une nation.

Le 8 mars 2025, les femmes casamançaises n’ont pas seulement célébré leur journée. Elles ont rappelé au monde que la liberté n’est pas un cadeau, mais une conquête. Et elles ne s’arrêteront pas. Nous ne devons pas les laisser seules.

Cathy Manga

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Commentaires (6)

  • Pedro

    La femme casaçaise ne peut accéder à la pleine citoyenneté que dans le cadre d’un Etat de droit et des libertés. Le caractère totalement dévoyé de la vie publique et politique imposé en Casamance, la violence des rapports sociaux, la répression des libertés, la séquestration de l’espace public, les divers enfermements culturels… et la corruption des esprits rendent le quotidien encore plus difficile. Nos femmes sont braves. Vive la Casamance des Aline Sitoés et des amazones

  • Fatima

    Libérez nos enfants, nos frères et maris prisonniers politiques détenus.
    A quoi s’attendre de Sonko et Diomaye ? Ils ont trahi la Casamance au lieu de s’engager vers et pour la paix, restaurer le dialogue et la discussion. Les femmes sont les premières victimes. qui n’ont aucun soutien en Gambie et Bissau. J’ai honte en tant que Femme !

  • Anonyme

    Grand hommage aux Casamançaises. Rien ne justifie les attaques contre les communautés casamançaises et autres minorités, qui sont profondément choquées par plusieurs années de guerre et du soutien du candidat Ousmane Sonko avec des dizaines de morts. Arrêter cette merde de guerre……Pauvres africains!

  • Nianthio

    hommage aux femmes casamançaises à travers l’image d’Aline Sitoé Diatta, héroïne légendaire dont les vertus – courage, résistance et amour indéfectible pour son peuple – incarnent leur lutte. Comme elle, elles défient l’oppression avec une dignité inébranlable, portant haut l’âme d’une Casamance qui refuse la colonisation. VIVE LA CASAMANCE INDEPENDANTE

  • Bapoulo

    Comment ne pas rendre un hommage vibrant aux femmes casamançaises, ces héroïnes silencieuses qui portent sur leurs épaules le poids d’une Casamance meurtrie par près d’un demi-siècle de conflit ? Elles ne plient pas, elles ne demandent pas la compassion ; elles se dressent, fières et indomptables, pour réclamer ce qui leur est dû : la justice. Elles sont les racines profondes d’une terre pillée, les flammes vacillantes mais inextinguibles d’une identité que l’on voudrait réduire en cendres, les voix puissantes d’une génération brisée mais jamais vaincue.

  • Zeus

    Super CATHY ! Tu es la lionne du Kassa !
    Félicitations pour ton article. Hommage aux femmes casamançaises.
    Vive les femmes, vive la Casamance

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