Casamance : René Capain Bassène suspend sa grève de la faim après la visite de l’êvêque de l’église de Casamance

René Capain Bassène a interrompu sa grève de la faim entamée il y a plusieurs jours. Un geste fort, décidé après une rencontre empreinte d’humanité avec Monseigneur Jean-Baptiste Valter Manga, évêque de Ziguinchor. Cette rencontre, au-delà du cadre spirituel, aura aussi une résonance profondément politique : car ce n’est pas seulement à l’homme de foi qu’ont parlé René Capain Bassène et les 21 autres détenus politiques casamançais, mais à un médiateur porteur d’une vérité trop longtemps étouffée.
Une Église en première ligne pour la dignité et la vérité
Il faut saluer ici avec force l’engagement pastoral et courageux de l’Église de Casamance. Monseigneur Manga ne s’est pas contenté de rendre visite à un seul détenu : il a écouté chaque prisonnier politique casamançais incarcéré à Ziguinchor. Tous racontent des années d’oubli, de souffrances, d’atteintes graves à leurs droits fondamentaux. Son geste n’est pas seulement humanitaire — il est politique dans le sens noble du terme : restaurer l’humain dans un système qui l’a déshumanisé.
Une justice instrumentalisée par le pouvoir de Macky Sall et de l’APR
René Capain Bassène, écrivain et journaliste, est incarcéré depuis plus de sept ans sans jugement définitif, seul condamné dans une affaire où tous les autres prévenus ont été relâchés. Tous, sauf lui. Son crime ? Avoir dénoncé, par la plume, les compromissions et les intérêts mafieux tapis derrière la guerre en Casamance. Il a osé écrire ce que beaucoup taisent : que ce conflit nourrit des réseaux politiques et militaires qui en tirent profit.
Derrière son incarcération se dessine un système de répression orchestré par l’ancien régime de Macky Sall, où des hommes de main tels que le général Moussa Fall et le colonel Issa Diack ont joué un rôle central. En 2018, alors que l’enquête locale piétinait, ces hauts gradés se sont personnellement rendus à Ziguinchor pour « prendre le dossier en main« .
Pourquoi un tel déploiement, si ce n’est pour orienter les conclusions de l’enquête en fonction d’agendas politiques ? Pour museler ceux qui dénoncent, pour neutraliser toute voix libre venue de la Casamance.
L’ancien parti au pouvoir, l’APR, n’est pas en reste. Plusieurs de ses membres influents dont Robert Sagna et son groupe GRPC sont soupçonnés d’avoir pesé dans les coulisses pour maintenir René Capain Bassène derrière les barreaux, à travers des jeux d’influence et d’obstruction au processus judiciaire. Une cabale politique doublée d’un déni de justice.
Une urgence humanitaire et morale
Aujourd’hui, la santé de René Capain Bassène est gravement détériorée. Il souffre d’un problème auditif nécessitant une intervention chirurgicale urgente. La responsabilité de l’État est pleinement engagée : continuer à le maintenir en détention dans ces conditions constitue non seulement une atteinte à ses droits, mais aussi un traitement inhumain, contraire aux engagements du Sénégal en matière de droits de l’homme.
Le Mouvement Vision Citoyenne, par la voix de Madia Diop Sane, rappelle que cette suspension de la grève de la faim ne doit pas être interprétée comme un renoncement. C’est un sursis. La mobilisation doit redoubler d’intensité. Car René Capain Bassène ne meurt pas : on le laisse mourir, dans le silence glacé d’une République qui n’assume pas ses responsabilités.
21 prisonniers politiques casamançais : l’autre face de la répression
Il ne faut pas oublier que René Capain Bassène n’est pas seul. Vingt-et-un autres Casamançais, eux aussi emprisonnés pour des motifs à caractère politique, croupissent dans la prison de Ziguinchor. Ils sont les oubliés d’un système judiciaire sélectif, les victimes collatérales d’un conflit que l’on refuse de résoudre par le dialogue et la vérité.
Monseigneur Manga a tendu la main à tous ces hommes. Il a semé une graine d’espoir. Mais l’État, lui, reste sourd. Jusqu’à quand ?
Un tournant décisif
La Casamance mérite mieux que la stigmatisation, les arrestations arbitraires et le silence imposé. Elle mérite la vérité, la justice, la réconciliation. Elle mérite que l’on écoute ses intellectuels, que l’on respecte ses citoyens, que l’on arrête de confondre contestation et crime.
René Capain Bassène n’est pas un criminel. Il est un homme libre, un intellectuel courageux, un journaliste engagé. Sa libération immédiate doit être l’étape première d’un processus de réparation historique. Il est temps que le Sénégal regarde enfin la Casamance non pas comme une menace, mais comme une richesse, un pilier de son avenir démocratique.
Balanta Mané
Commentaires (3)
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Anonyme
Car il ne s’agit pas d’un fait divers. Il s’agit d’un scandale d’État. L’affaire de Boffa Bayotte reste une énigme judiciaire, un puzzle dont les pièces ont été manipulées au plus haut niveau. Alors que la gendarmerie de Ziguinchor menait ses premières investigations, le pouvoir central a brusquement pris le relais : le colonel Issa Diack, patron de la Section de Recherches de Dakar, est envoyé sur place. Puis le général Moussa Fall. Deux figures proches de Macky Sall. Deux hommes qui, au lieu de chercher la vérité, ont verrouillé le récit.
Résultat : plus de vingt interpellés, tous relâchés… sauf un. René Capain Bassène. Seul à avoir été condamné. Seul à croupir encore en prison. Seul, surtout, à avoir dénoncé les dessous troubles du conflit casamançais. Il a écrit que la guerre ne sert plus à libérer, mais à enrichir. Il a exposé les réseaux, les trafics, les silences complices. Pour cela, il a été réduit au silence.
Aujourd’hui, il paie. De sa santé. De sa liberté. De sa voix. Et le Sénégal officiel de Sonko-Diomaye détourne les yeux. J’avais cru à Pastef mais je me suis trompé grandement. Moussa Fall et Issa Diack sont toujours actifs à la faveur de Macky Sall. C’EST VRAIMENT ALLUCINANT !!!!!!!!!!!
Zeus
LIBEREZ LES PRISONNIERS POLITIQUES
La visite de l’évêque de Ziguinchor n’est pas seulement un acte pastoral. Elle est un rappel brutal : si la justice se tait, si l’État se dérobe, d’autres institutions devront porter la voix de ceux qu’on fait taire.
L’Église, en tendant la main à ces détenus oubliés, a montré le chemin. À présent, c’est au pouvoir politique de faire son devoir : libérer René Capain Bassène et les autres prisonniers politiques casamançais, rétablir la justice, reconnaître les abus.
Assez de faux-semblants. Assez de deals en coulisses
Carlos
Pendant ce temps, ceux qui tirent profit du chaos se taisent. Ou se félicitent de la stabilité. On a applaudi l’alternance politique, on a chanté le renouveau démocratique sénégalais. Mais un journaliste reste enfermé. Des Casamançais, détenus pour leurs opinions, croupissent sans procès. Et le système judiciaire continue de fonctionner comme si de rien n’était.
René Capain Bassène ne demande pas la pitié. Il demande un procès. Des preuves. Le droit à se défendre. Le droit à exister.. Sans preuve, il doit être libre à moins que Macky Sall décide à la place de Diomaye.