Casamance : Sans paix, pas de développement : L’appel poignant de Mgr Jean Baptiste Valter Manga, lors de la Journée mondiale de la Paix à Diongol
Le 1er janvier 2025, dans le village de Diongol, au nord de la Casamance, une province meurtrie par des décennies de conflit armé, Mgr Jean Baptiste Valter Manga, évêque de Ziguinchor, a lancé un appel vibrant pour la paix et la réconciliation. Lors d’une messe solennelle marquant la Journée mondiale de la Paix, il a rappelé avec force que sans paix, il ne peut y avoir de développement. Son message, à la fois poignant et urgent, a résonné comme un cri du cœur pour un territoire qui aspire à se relever de ses cendres.
Diongol, autrefois un symbole de souffrance et de violence, a été choisi pour accueillir cette célébration. Ce village, situé dans l’arrondissement de Sindian, a été profondément affecté par le conflit opposant les forces armées sénégalaises et les combattants indépendantistes du Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance (MFDC). Pendant des années, les habitants ont vécu dans la peur, contraints à l’exil, leurs terres fertiles devenues des champs de bataille. Mais ce 1er janvier, Diongol a vibré d’une nouvelle énergie, celle de l’espoir et de la réconciliation.
Dans son homélie, Mgr Manga a insisté sur l’importance du pardon et de la préservation de la vie humaine. « Quand un homme tue un autre, c’est qu’il a tué son propre frère », a-t-il déclaré, rappelant que la violence ne mène qu’à la destruction. Il a appelé les habitants à faire de leurs villages des lieux où la paix se construit, pierre par pierre. « La paix n’est pas seulement l’absence de conflits armés, c’est aussi le respect mutuel, la justice pour tous, et la possibilité pour chaque enfant de rêver d’un avenir sans crainte », a-t-il ajouté.
L’évêque a également souligné que la guerre a été un frein au développement de la Casamance. « Pendant des décennies, des familles ont été déchirées, des communautés fragilisées, et nos terres, autrefois fertiles et prometteuses, ont souffert du poids de la violence. Nous refusons de léguer aux générations futures le fardeau du conflit. Nous choisissons la paix pour marcher résolument vers une Casamance prospère », a-t-il affirmé.
Mgr Manga a lancé un appel solennel à tous les acteurs de la société : autorités civiles, militaires, religieuses, coutumières, et organisations de la société civile. « La paix est une œuvre collective, elle ne peut être imposée par un seul, mais construite par tous. Engageons-nous ensemble à renforcer le dialogue, à panser les blessures et à promouvoir le développement », a-t-il exhorté. Il a également insisté sur la nécessité de transformer les champs de bataille en champs de cultures, et les silences en chants d’espoir.
Les statistiques rappellent l’ampleur des dégâts causés par le conflit. Selon une étude menée en 2012 par Catholic Relief Service (CRS) et Caritas, près de 150 000 personnes ont perdu leur maison, et des milliers sont toujours déplacées. En 2022, de nouvelles opérations militaires ont provoqué le déplacement de plus de 6 000 personnes. Bien que certaines familles soient retournées dans leurs villages, beaucoup attendent encore de pouvoir reconstruire leur vie.
Malgré ces défis, Mgr Manga reste optimiste. Il a salué les efforts de ceux qui œuvrent chaque jour pour la paix et la réconciliation, notamment les organisations locales, internationales et la diaspora, qui soutiennent les populations vulnérables. « Vos efforts redonnent de l’espoir et de la détermination à rebâtir ce qui a été brisé par des années de conflit », a-t-il déclaré.
En conclusion, Mgr Manga a rappelé que la paix est la clé du développement. « Sans paix, il n’y a pas de développement. Sans paix, il n’y a pas d’avenir. Nous devons nous mobiliser pour bâtir une paix durable, pour une Casamance nouvelle, où chaque homme, chaque femme et chaque enfant peut marcher sans peur, semer sans douter, et récolter avec espoir », a-t-il conclu, sous les applaudissements d’une foule émue.
La cérémonie s’est achevée par un lâcher de colombes, symbole d’une Casamance pacifiée et tournée vers un avenir radieux. Mais le chemin vers la paix reste long, et Mgr Manga le sait bien. Son appel est un rappel puissant que la paix n’est pas un luxe, mais une nécessité absolue pour tout développement durable.
Samsidine Badji (SAM)
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