Casamance : Sept ans après l’affaire Boffa-Bayotte : une affaire marquée par l’injustice et la manipulation contre une seule personne, René Capain Bassène
Le 6 janvier 2018, 14 trafiquants de bois ont été tués dans la forêt de Boffa-Bayotte, près du village de Toubacouta en Casamance. Sept ans plus tard, cette tragédie reste entourée de mystère, de manipulations politiques et d’injustices flagrantes. Alors que plusieurs personnes ont été arrêtées et condamnées, seul le journaliste René Capain Bassène reste en prison, malgré l’absence de preuves tangibles contre lui.
Une enquête truffée de contradictions et de manipulations
Dès le début, l’enquête sur le massacre a été marquée par des déclarations contradictoires et des manœuvres politiques. Robert Sagna, leader du Groupe de Réflexion pour la Paix en Casamance (GRPC), a joué un rôle central dans une stratégie visant à faire taire Omar Ampoi Bodian, chargé de mission du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), et René Capain Bassène, journaliste et spécialiste en investigation. Sagna a collaboré avec les autorités sénégalaises pour orchestrer des arrestations basées sur des accusations fabriquées.
Des chefs de village ont été manipulés pour fournir des témoignages falsifiés aux gendarmes. Maurice Badji, protégé de Robert Sagna, a joué un rôle clé en fournissant une liste de noms utilisée pour arrêter des jeunes de Toubacouta, dont Jean Christophe Manga, ainsi que René Capain Bassène. Les arrestations ont été accompagnées de tortures et d’intimidations, forçant certains à avouer des crimes qu’ils n’avaient pas commis.
Des accusations sans preuves
René Capain Bassène, arrêté le 13 janvier 2018, torturé par les gendarmes sénégalais sous l’ordre du colonel Issa Diack, a été accusé d’avoir participé au massacre, bien qu’il ait un alibi solide : il était en train de jouer au football avec des jeunes de son quartier au moment des faits. Malgré les témoignages en sa faveur, il a été condamné à la réclusion à perpétuité en juin 2022, lors d’un procès qualifié de politisé et inéquitable.
Oumar Ampoi Bodian, également condamné à perpétuité, a finalement été libéré en août 2024 après un procès en appel. Cependant, la confirmation de la condamnation de Bassène a suscité une vague de déception et de colère parmi les populations locales et les défenseurs des droits humains.
Une justice défaillante et partiale
L’avocat des détenus, Me Clédor Ciré Ly, a dénoncé une enquête bâclée et une justice partiale. Aucune preuve matérielle n’a été présentée pour étayer les accusations, et les procès-verbaux étaient truffés de mensonges. Les détenus ont subi des tortures et des pressions pour avouer des crimes qu’ils n’ont pas commis.
Le verdict final, rendu en août 2024, a plongé la Casamance dans un mélange d’émotions. Si la libération d’Oumar Ampoi Bodian a été accueillie avec soulagement, le maintien en détention de René Capain Bassène a ravivé les blessures des familles des victimes et des militants pour la justice.
Pour Daouda Camara observateur de la situation politique en Casamance, il résume en ces terme « depuis ce début cette l’affaire qui a endeuillé la Casamance et les six années d’enquête, il n’y a pas de document, il n’y a pas de preuve matérielle, il n’y a pas d’équité, il n’y a pas de justice. Il y a seulement l’expression de la haine, de la méchanceté, de la calomnie, de la malveillance, la jalousie et de la cruauté envers un écrivain-journaliste casamançais de talent qui dérangeait le régime de Macky Sall et ses complices casamançais.»
La mobilisation pour la libération de René Capain Bassène et pour une justice équitable en Casamance reste forte. La diaspora casamançaise et les organisations de défense des droits humains continuent de se battre pour que la vérité éclate et que les responsables de cette injustice soient tenus pour responsables.
En résumé, sept ans après le massacre de Boffa-Bayotte, l’affaire reste un symbole des dysfonctionnements du système judiciaire sénégalais et de la manipulation politique en Casamance. La lutte pour la vérité, la justice et la paix en Casamance est loin d’être terminée.
Samsidine Badji (SAM)
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