Ces derniers jours, des responsables villageois près de la station balnéaire du Cap Skirring, ainsi que ceux vivant au nord de Sindian et au sud de Kolda, ont signalé des mouvements inquiétants de centaines de militaires sénégalais et des survols de drones de surveillance dans les zones nord, sud et est de la Casamance. Ces déploiements interviennent dans un contexte de regain de tensions entre l’armée sénégalaise et les indépendantistes armés du MFDC, un conflit qui perdure depuis décembre 1983.

Bassirou Diomaye Diakhar Faye est accusé de masser des troupes sénégalaises aux frontières nord et sud de la Casamance. Le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) a mis en garde contre toute provocation militaire, tout en appelant le successeur de Macky Sall à Dakar à éviter les « provocations » et de ne pas imiter ce dernier. Le MFDC a toutefois assuré qu’il ne cherchait pas à raviver le conflit armé.

Une habitante du village d’Emaye a témoigné : « Nous sommes submergés par les militaires sénégalais. Ils sont deux fois plus nombreux que les habitants locaux. Depuis leur arrivée, nos filles tombent enceintes, nous sommes empêchés d’exploiter nos terres et même de célébrer nos fêtes traditionnelles. Nous ne voulons pas de l’armée ici, et cela crée des tensions entre notre village et les autres villages environnants, qui refusent également la présence des militaires sénégalais. Nous sommes perçus comme des traîtres. »

Un membre du MFDC de la province du Kassa a déclaré : « Nous ne menaçons personne et n’avons jamais menacé qui que ce soit en Casamance. Mais face aux actes hostiles et à l’escalade des tensions par les récentes provocations répétées des militaires sénégalais, Attika [la branche armée du MFDC] prendra toutes les mesures nécessaires dans toutes les zones sous son contrôle et son influence stratégique.« 

Cette situation met à l’épreuve la présidence de Bassirou Diomaye Faye, dont la popularité, tout comme celle de son Premier ministre Ousmane Sonko, est en chute libre depuis avril 2024. Le président sénégalais avait pourtant promis d’apporter la paix en Casamance. Cependant, ce déploiement massif de militaires, perçu comme une invasion et une agression, ne rassure pas les populations casamançaises, qui avaient pourtant largement contribué à sa victoire lors de l’élection présidentielle de mars 2024.

Balanta Mané