Casamance : Trois ans après la libération des prisonniers de guerre sénégalais, des tensions toujours persistantes
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Trois ans après la libération du lundi 14 février 2022 de sept soldats sénégalais capturés par les combattants indépendantistes du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), la Casamance reste un foyer de tensions et de violences sporadiques. Cet épisode, démarré le 24 janvier 2022 avec une embuscade et la mort de trois militaires sénégalais, a marqué un nouveau chapitre dans le conflit vieux de plusieurs décennies entre les indépendantistes casamançais et l’État sénégalais. Retour sur un événement qui a mis en lumière les complexités géopolitiques, humanitaires et sécuritaires dans cette zone de l’Afrique de l’Ouest.
L’embuscade du 24 janvier 2022 : un tournant dans le conflit
Le 24 janvier 2022, une colonne de deux véhicules des forces sénégalaises, déployées en Gambie « sous le mandat de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) », a été prise pour cible dans une embuscade tendue par les combattants du MFDC. L’attaque, survenue en terre de Casamance dans une zone frontalière avec la Gambie, a fait au moins deux morts et plusieurs disparus parmi les soldats sénégalais. Les échanges de tirs, qui ont duré plus de quatre heures selon des témoins gambiens, ont révélé l’intensité des hostilités dans cette partie de la Casamance régulièrement exploitée par le trafic du bois par des mafias sénégalo-gambiennes
Un haut responsable de la police gambienne, sous couvert d’anonymat, a dénoncé l’utilisation du territoire gambien par les forces sénégalaises pour mener des opérations militaires en Casamance. « Nous avons un problème, les soldats sénégalais ne doivent pas utiliser notre pays pour faire la guerre en Casamance », a-t-il déclaré, soulignant les tensions diplomatiques sous-jacentes.
La capture et la libération des prisonniers : un geste humanitaire ?
Les sept soldats sénégalais capturés lors de cette embuscade ont été présentés devant les caméras de la presse internationale quelques jours plus tard. Apparaissant sains et saufs, ils ont été libérés le lundi 14 février 2022, après une cérémonie officielle organisée par le MFDC. Cette libération, supervisée par des représentants de la CEDEAO, de l’armée gambienne, du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) et de la Communauté catholique italienne Sant’Egidio, a été saluée comme un geste humanitaire.
Alphouseyni Sagna, porte-parole du MFDC, a déclaré lors de la cérémonie : « Au nom du général Salif Sadio, qui, pour des raisons personnelles, n’a pas pu être présent aujourd’hui, le MFDC libère les sept otages sénégalais. » Selon la représentante du CICR, les prisonniers ont reçu des soins médicaux et ont pu communiquer avec leurs familles pendant leur captivité.
Cependant, Pape Sané, un autre responsable du MFDC, a averti que les indépendantistes ne toléreraient plus les incursions des forces sénégalaises en Casamance sous couvert de la mission de la CEDEAO. « Ces prisonniers ont dit qu’ils étaient de l’Ecomig, mais sur leurs montres est inscrit “Armée du Sénégal”, ce qui signifie que l’attaque a bien été préparée », a-t-il affirmé, pointant du doigt la présence du chef d’état-major des armées sénégalaises, le général Cheikh Wade, à Banjul quelques jours avant l’attaque.
Un conflit qui perdure depuis 1947
Le MFDC, créé en mars 1947, lutte pour l’indépendance de la Casamance, une province au sud de la Gambie riche en ressources naturelles mais marginalisée sur le plan économique et politique. Malgré plusieurs tentatives de paix, dont un accord signé en 2004, le conflit reste latent, ponctué par des accrochages violents et des enlèvements.
En décembre 2012, huit soldats sénégalais capturés lors d’une attaque contre un cantonnement à Kabeum, à 54 km au nord-ouest de Ziguinchor, avaient également été libérés pour des raisons humanitaires. Ces libérations, bien qu’accueillies avec soulagement, n’ont pas mis fin aux violences. Au contraire, elles ont souvent été suivies de représailles de l’armée sénégalaise, qui a bombardé des villages casamançais et procédé à des arrestations massives, selon des organisations de défense des droits de l’homme.
Les noms des libérés : des visages derrière l’histoire
Les sept soldats libérés en février 2022 sont :
- Sergent Puissance Antoine Manga (Matricule 14 16 03 161)
- Sergent Abdou Bâ (Matricule 03 98 00 486)
- Caporal-Chef Diatta Niane (Matricule 04 06 01 386)
- Caporal-Chef Pape Souka Diouf (Matricule 03 14 03 381)
- Première Classe Gana Sène (Matricule 05 18 01 556)
- Première Classe Atab Diémé (Matricule 14 18 02 184)
- Première Classe Oumar Thioye (Matricule 09 15 02 876)
Oumar Thioye, l’un des prisonniers, a confié aux médias que leur mission initiale était de garantir la sécurité du président gambien Adama Barrow. Il a exprimé son incompréhension quant à leur déploiement en Casamance, tout en reconnaissant avoir été bien traité pendant sa captivité.
Une paix fragile et des défis persistants
Trois ans après cet épisode, la Casamance reste une région en quête de stabilité. Les indépendantistes du MFDC continuent de dénoncer l’ingérence de l’armée sénégalaise et de la CEDEAO. La question du trafic de bois, qui finance en partie les activités du gouvernement gambien et les officiers sénégalais, ajoute une dimension économique au conflit.
Claude Kondor, représentant de la CEDEAO à Banjul, a souligné que le MFDC n’avait demandé aucune contrepartie pour la libération des prisonniers, un geste qui pourrait ouvrir la voie à de futures négociations. Cependant, sans un dialogue inclusif et une volonté politique forte, la paix en Casamance semble encore lointaine.
En attendant, les populations civiles, prises entre deux feux, paient le prix fort de ce conflit qui perdure depuis plus de sept décennies. Les bombardements, les arrestations arbitraires et les violations des droits de l’homme continuent de marquer le quotidien des Casamançais, rappelant que derrière les enjeux politiques et militaires, ce sont des vies humaines qui sont en jeu.
La libération des sept prisonniers de guerre sénégalais en février 2022 a été un moment d’espoir, mais aussi un rappel des défis immenses qui persistent en Casamance. Alors que le MFDC et l’État sénégalais continuent de s’affronter, la communauté internationale et les acteurs locaux doivent redoubler d’efforts pour trouver une solution durable à ce conflit qui mine une province aux richesses naturelles et culturelles inestimables. La paix en Casamance ne sera possible qu’à travers un dialogue inclusif, le respect des droits de l’homme et une volonté politique sincère de toutes les parties concernées.
Samsidine Badji (SAM)
Commentaires (4)
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Anonyme
Le Sénégal est semblable à cette grenouille qui veut devenir un Boeuf
Il va avalé bientôt sa défaite, et le réveil va etre brutal peut etre qu’il vont voir la réalité.
Rassurez vous on va rebondir et a l’instant présent laissns mouton pissé, tabaski viendra, alors que le Sénégal est infesté de chiens sauvages notre Caravane passe ! après il leur reste les yeux pour pleurer, a ces gens de mauvaise augure,ça revient a vendre la peau de l’ours, avant de l’avoir tué ,et le hurler haut et fort !
Et félicitations a notre armee atika et mfdc !
Korka Diallo
D’aussi loin où je poste mes commentaires, je savoure depuis ce rappel du Journal du Pays, cette belle et retentissante victoire du MFDC et de la Casamance. Quelle fierté !
Cependant je me sens le devoir de rappeler à notre peuple que notre principal défaut en Casamance c’est de vite dormir sur nos acquis. On l’a souvent payé au prix fort car nos ennemis sont nombreux et ne s’avoueront jamais vaincus. On a tellement dormi sur nos acquis que pendant toutes les années où Macky Sall, chef de gang de la drogue, du trafic de bois, des cueilleuses de milliards des minerais d’or de Sabodala a été jeté hors du Sénégal et de l’Afrique de l’Ouest pour le Maroc. On n’a rien fait pour achever la bête. Pire, on lui a quasiment balisé la route pour son retour et il l’a fait avec fracas en foutant le bordel au sein de de toute la Casamance, Kédougou, Abéné, îles Karones, Niomoune, Madina Gounasse, Emaye etc… ils règnent désormais en maître absolu, tous les gouverneurs, tous les prefets, tous les commissaires de police, tous les chefs de la gendarmerie, tous les chefs de casernes militaires, tous les procureurs et juges sont tous des Sénégalais. C’est cela la vérité crue.
La Casamance doit inaugurer une nouvelle ère: notre pays doit prendre conscience qu’il est étroitement rester pour l’éternité et prendre le leadership ouest africain avec la Gambie et la Guinée Bissau. Un travail rigoureux doit commencer aujourd’hui, pas demain avec pour mission sacrée de balayer de toutes les sphères d’influence sénégalaise ce CANCER mackyste, ce vassal sous traitant de la France et des sionistes. So système est au centre du régime de Diomaye Faye et de Ousmane Sonko. Le Pastef est miné de tout part. La Casamance doit enfiler les esprits de Diamacoune, de la Reine Sitoé et de Moussa Molo achever cette racaille.
Les meilleures cartes sont dans nos mains et elles sont 3 : 1- Notre vaillante et très puissante armée ATIKA 2- Notre Économie qui se réveille tel un géant 3- Notre Diaspora reconnue de par le monde .
Que doit alors faire nos dirigeants surtout du côté du Mfdc? Simple : ramener la CASAMANCE dans son DROIT INALIENABLE A L’INDEPENDANCE TOTALE. Oui j’ai bien dit dans le giron du DROIT et de son seul , unique et absolu DROIT
Carlos
Bien vu, bien dit. Merci Korka
kankouran
il fallait les zigouiller alors ils comprendront que la Casamance n’est pas sénégalaise.
Thioooooooor Mammma