Etats-Unis : Les premiers décrets chocs signés par Donald Trump
De l’économie à l’immigration, du bannissement de Tiktok à plusieurs questions sociétales, ces premiers décrets signés par Donald Trump tout juste arrivé à la Maison Blanche concernent un vaste spectre de sujets.
Le stylo a chauffé à Washington. Quelques minutes seulement après avoir été intronisé 47ème président des États-Unis ce lundi 20 janvier Donald Trump a signé des décrets tous azimuts, la plupart visant à détricoter le travail de l’administration de son prédécesseur, Joe Biden.
Après avoir prêté serment, le nouveau locataire de la Maison Blanche s’est présenté à la Capital One Arena, à Washington, pour son premier discours de président, au cours duquel il a assuré que « l’âge d’or des États-Unis commence aujourd’hui. » Devant un public de 20.000 personnes acquises à sa cause, il a également signé ses premiers décrets.
« Vous imaginez Biden faire ça? Je ne crois pas non« , a-t-il dit avant de jeter plusieurs de ses stylos dans la foule.
De l’économie à l’immigration, du bannissement de Tiktok aux États-Unis à plusieurs questions sociétales, ces décrets signés par Donald Trump concernent un vaste spectre de sujets.
• Haro sur l’immigration
Donald Trump s’est ensuite installé dans un décor plus classique, devant le « Resolute Desk » du Bureau ovale, à la Maison Blanche. Devant lui, des piles de documents dans des pochettes de cuir et une boîte de ses feutres noirs favoris. À ses côtés, un conseiller lui passantun à un des décrets sur lesquels apposer sa signature. Face à lui, un petit groupe de journalistes.
« Celui-là, il est important », a dit le républicain, élu après une campagne particulièrement virulente contre les migrants, avant de signer un décret remettant en cause le droit du sol, qu’il juge « ridicule« . Mais qui est garanti par la Constitution.
Premier effet concret dès lundi: la plateforme de demandes d’asile lancée par l’administration Biden a immédiatement cessé de fonctionner. « Les rendez-vous existants ont été annulés« , indique le service sur son site internet.
Dans la soirée, Donald Trump a également signé le décret déclarant l’état d’urgence à la frontière avec le Mexique. Le milliardaire veut lancer un « processus de renvoi de millions et de millions de criminels étrangers. »
• Sortie de l’OMS
Le nouveau président américain a également signé un décret visant à retirer les États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un organisme qu’il avait par le passé vivement critiqué pour sa gestion de la pandémie de Covid-19.
« L’OMS nous a escroqués« , a accusé le républicain en signant ce document, justifiant ce retrait par l’écart des contributions financières américaines et chinoises.
Dans ce texte, il exhorte les agences fédérales à « suspendre le transfert futur de tout fonds, soutien ou ressource du gouvernement des États-Unis à l’OMS » et les enjoint d’« identifier des partenaires américains et internationaux crédibles » capables d’« assumer les activités précédemment entreprises par l’OMS« .
Les États-Unis sont le principal donateur et partenaire de cette organisation onusienne basée à Genève. Selon l’OMS, ils contribuent à son financement via une cotisation indexée sur leur PIB, mais aussi par le biais de contributions volontaires.
• Nouvelle sortie de l’accord de Paris sur le climat
Parmi les décrets signés figurent également celui qui enclenche un nouveau retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat. Une marche arrière toute dans la lutte contre le dérèglement climatique qui met en péril les efforts mondiaux pour le freiner.
Le républicain, climatosceptique notoire, a tenu parole en signant dès son premier jour de retour au pouvoir un décret présidentiel puis une lettre aux Nations unies en ce sens.
« Je me retire immédiatement de l’accord de Paris sur le climat, une escroquerie injuste et unilatérale« , a lancé Donald Trump devant ses partisans à la Capital One Arena, avant de signer les documents devant eux.
« Les États-Unis ne saboteront pas leurs propres industries pendant que la Chine pollue en toute impunité« , a-t-il poursuivi.
Les États-Unis, deuxième pollueur mondial derrière la Chine, avaient déjà quitté brièvement cet accord sous le premier mandat du républicain, avant que Joe Biden n’acte leur retour. Ce nouveau retrait, hautement symbolique, devrait entrer en vigueur dans un an.
• Grâce pour plus de 1.500 assaillants du Capitole
Une promesse de campagne. Donald Trump a aussi signé le décret graciant plus de 1.500 participants à l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. Peu auparavant, le nouveau président américain avait annoncé qu’il exercerait son pouvoir de grâce dès le premier jour de son mandat, comme il l’avait promis au cours de sa campagne.
« C’est pour le 6 janvier, pour les otages, environ 1.500 personnes qui seront complètement graciées« , a-t-il déclaré en signant le document.
« Cette proclamation met fin à une grave injustice nationale infligée au peuple américain au cours des quatre dernières années et commence un processus de réconciliation nationale », selon le texte du décret publié par la Maison Blanche.
Cette grâce bénéficie à l’ensemble des personnes condamnées pour participation à l’assaut du Capitole, à l’exception de 14, dont la peine est commuée en période de prison déjà purgée. Il s’agit de membres des mouvements d’extrême droite Oath Keepers et Proud Boys, dont le fondateur des Oath Keepers, Stewart Rhodes, condamné à 18 ans de prison.
• Fin des aides pour les personnes transgenres
Le 47e président des États-Unis a affirmé que les États-Unis ne reconnaîtraient plus que « deux sexes, masculin et féminin » définis à la naissance, et que les aides fédérales pour renforcer la diversité seraient aussi supprimées.
Donald Trump a ainsi confirmé, comme martelé tout au long de sa campagne, sa volonté de s’en prendre à ce qu’une partie des conservateurs américains considèrent comme des excès des programmes de diversité et d’inclusion des minorités.
« À partir d’aujourd’hui, la politique officielle du gouvernement des États-Unis sera qu’il n’y a que deux sexes, masculin et féminin« , a-t-il lancé lors de son discours d’investiture.
« Ces sexes ne sont pas modifiables et sont ancrés dans une réalité fondamentale et incontestable« , a complété un décret publié par la Maison Blanche dans la soirée, et qui devra être appliqué par toutes les agences fédérales.
« Les fonds fédéraux ne doivent pas être utilisés pour promouvoir l’idéologie de genre« , affirme le même décret, qui veut « restaurer la vérité biologique« . Un autre texte ordonne la fin de tout programme de diversité et d’inclusion au sein du gouvernement fédéral.
• Report de l’interdiction de Tiktok
Donald Trump a en outre signé un décret ordonnant à son gouvernement de suspendre pour 75 jours l’application de la loi interdisant le réseau social TikTok aux Etats-Unis.
Cette loi, votée par le Congrès en 2024 et entrée en vigueur dimanche 19 janvier, impose à la maison mère de la plateforme de la vendre sous peine d’interdiction sur le territoire américain. Elle a entraîné l’inaccessibilité au réseau social aux États-Unis durant quelques heures ce week-end.
La loi prévoit de très lourdes amendes pour les fournisseurs d’Internet et les boutiques d’application, jusqu’à 5.000 dollars par utilisateur pour ces dernières.
• Le retour de Cuba sur la liste noire
Le nouveau président américain est revenu sur le retrait de Cuba de la liste des États soutenant le terrorisme, annoncé il y a quelques jours par la précédente administration Biden dans le cadre d’un accord pour la libération de prisonniers politiques, a indiqué la Maison Blanche.
La décision surprise de Joe Biden d’en retirer Cuba se voulait un « geste de bonne volonté ». Dans la foulée, La Havane avait annoncé la libération prochaine de 553 prisonniers.
Cuba a aussitôt réagi en qualifiant cette décision « d’acte d’arrogance et de mépris de la vérité« . « Cela n’a rien de surprenant. Son objectif est de renforcer encore la guerre économique cruelle contre Cuba à des fins de domination », a réagi sur X le président cubain Miguel Diaz-Canel.
Donald Trump avait pris la décision de placer Cuba sur cette liste où figurent aussi la Corée du Nord, l’Iran et la Syrie.
Cathy Manga
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