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Mali : Fermeture de l’espace aérien à l’Algérie

Mali : Fermeture de l’espace aérien à l’Algérie

Une nouvelle escalade diplomatique vient de secouer les relations déjà fragiles entre le Mali et l’Algérie. En réponse à la fermeture de l’espace aérien algérien à ses avions, le gouvernement malien a annoncé ce lundi soir la fermeture « jusqu’à nouvel ordre » de son propre espace aérien à tous les aéronefs civils et militaires en provenance ou à destination de l’Algérie.

La mesure, annoncée par le ministère malien des Transports et des Infrastructures dans un communiqué officiel, constitue un acte de réciprocité à la décision prise plus tôt dans la journée par Alger. Le ministère malien affirme avoir appris cette restriction par voie de presse, via un communiqué émanant du ministère algérien de la Défense nationale (MDN).

« Le ministre des Transports et des Infrastructures a appris par voie de presse la fermeture immédiate de l’espace aérien algérien à tous les aéronefs en provenance et à destination du Mali », peut-on lire dans le communiqué de Bamako.

Une crise en toile de fond

Derrière cette confrontation aérienne, c’est une crise diplomatique bien plus large qui se profile. Elle s’est intensifiée après la destruction, dimanche, d’un drone malien que Bamako affirme avoir été abattu en territoire malien par l’armée algérienne. Le gouvernement de transition du Mali a dénoncé ce qu’il considère comme une violation de sa souveraineté et a annoncé son intention de porter plainte contre Alger devant les instances internationales.

L’Algérie, de son côté, rejette fermement ces accusations, les qualifiant d’ »allégations mensongères« . Dans un communiqué, la diplomatie algérienne assure disposer de preuves radar attestant que l’engin malien a bien pénétré illégalement son espace aérien.

Retrait diplomatique mutuel

Les tensions ne s’arrêtent pas là. En riposte à ce qu’il considère comme une hostilité manifeste, le gouvernement algérien a également annoncé lundi le rappel pour consultations de ses ambassadeurs au Mali et au Niger, ainsi que le report de l’entrée en fonction de son nouvel ambassadeur au Burkina Faso. Cette décision intervient après que les trois pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) — le Mali, le Niger et le Burkina Faso — ont eux-mêmes rappelé leurs représentants diplomatiques en Algérie la veille.

Le Collège des chefs d’État de l’AES, réuni dimanche soir, a qualifié la destruction du drone malien d’ »agression contre l’ensemble des États membres de la Confédération« , et a immédiatement réagi en annonçant le retrait du Mali du Comité d’État-Major Conjoint (CEMOC), organe sécuritaire régional basé à Tamanrasset, en Algérie.

Vers une rupture durable ?

Cette série d’actes diplomatiques et militaires traduit un climat de méfiance grandissante entre Alger et les pays de l’AES, une alliance sahélienne née de la rupture avec les partenaires traditionnels occidentaux et de l’approfondissement de la coopération régionale entre régimes militaires.

Alors que les lignes aériennes entre le Mali et l’Algérie sont désormais gelées, et que les canaux diplomatiques se ferment un à un, les perspectives de désescalade paraissent minces. À moins d’un retour rapide au dialogue, cette crise pourrait marquer une nouvelle étape dans le basculement géopolitique du Sahel.

Saliou Cissé

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