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Nouvelle-Calédonie : à l’heure du choix, entre l’indépendance et le chaos

Nouvelle-Calédonie : à l’heure du choix, entre l’indépendance et le chaos

C’est un rendez-vous avec l’Histoire qui se joue sous les ciels parfois trompeusement sereins de la Nouvelle-Calédonie. Mardi, Manuel Valls, ministre français des Outre-mer, foule de nouveau le sol calédonien, porteur d’un projet d’accord censé sceller l’avenir institutionnel de l’archipel. L’enjeu est clair, vital : obtenir, coûte que coûte, un compromis entre indépendantistes et loyalistes, au risque, dans le cas contraire, de voir resurgir les spectres de la guerre civile.

Dans l’atmosphère tendue des discussions à venir, une seule certitude demeure : le droit à l’autodétermination des Kanaks, inscrit dans l’Accord de Nouméa et sanctuarisé dans la Constitution française, n’est pas négociable. Un principe que Manuel Valls a martelé avec force lors du Grand Jury dimanche : « Ce droit doit être préservé, quoi qu’il arrive. »

Un équilibre précaire

Les plaies des violences de l’année précédente, avec leurs 14 morts et leurs 2 milliards d’euros de dégâts, sont encore béantes. L’île, meurtrie, aspire à la paix. Mais la paix ne sera pas durable si elle est fondée sur le déni d’une aspiration nationale, celle du peuple kanak à disposer librement de lui-même.

Face à l’échec des précédentes tentatives, Manuel Valls a compris que l’heure n’est plus aux simples paroles : il faut un accord, tangible, crédible, juste. Son retour précipité pour un troisième round de négociations en est la preuve. Il prolongera son séjour jusqu’au 8 mai, signe que Paris mesure l’ampleur de la tâche.
Le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), fidèle à son engagement en faveur du dialogue malgré la défiance, sera bien autour de la table mercredi 30 avril. Mais sa participation reste sous condition : la délégation conduite par Emmanuel Tjibaou n’est mandatée pour l’instant qu’à une récupération du texte proposé par l’État, fruit d’un mois de discussions menées à huis clos. La méfiance reste donc profonde.

La crainte du chaos

Dans une mise en garde inhabituelle, Manuel Valls a évoqué la menace explicite d’une « confrontation » et d’une « guerre civile » en cas d’échec. Ce choix de mots n’est pas anodin. Il révèle l’urgence et la gravité du moment : en Nouvelle-Calédonie, la paix reste fragile, suspendue à la volonté politique de ses dirigeants et au courage de reconnaître que la cohabitation imposée n’a plus d’avenir sans un nouveau pacte.

À l’heure où les lignes doivent bouger, l’État français ne peut plus se permettre d’être perçu comme le garant du statu quo colonial. Reconnaître le droit inaliénable à l’autodétermination n’est pas une faveur accordée aux Kanaks : c’est un impératif moral, historique, et juridique.

Vers un nouveau contrat politique ?

Le défi est immense : comment concilier l’aspiration à la pleine souveraineté d’une part importante de la population et le désir de maintien dans la République exprimé par une autre ? Comment éviter que le dialogue ne soit un marché de dupes où les mots seraient vidés de leur sens ?

Manuel Valls semble parier sur une solution hybride : préserver le droit à l’autodétermination tout en imaginant des liens spécifiques avec la France, hors du carcan rigide du colonialisme historique. Mais toute tentative d’équilibrisme sera vaine si elle ne repose pas sur la reconnaissance sincère d’une égalité des peuples.

Le moment de vérité

La Nouvelle-Calédonie entre dans un moment de vérité. Il ne s’agit pas seulement de signer un accord pour apaiser quelques tensions immédiates. Il s’agit de reconnaître enfin que la décolonisation est un processus de justice, pas une menace.

En ces heures décisives, la France a une occasion rare de démontrer que son attachement aux droits de l’homme et aux peuples n’est pas une vaine rhétorique. Quant aux Calédoniens, ils ont entre leurs mains la possibilité de bâtir un futur commun, non sur le déni ou la domination, mais sur le respect et la liberté.
À chacun, maintenant, d’être à la hauteur de l’Histoire.

ARDiallo

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