L’aéroport de Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu dans l’est de la RDC, est tombé hier vendredi aux mains du groupe armé antigouvernemental M23 allié à des troupes rwandaises, selon des sources sécuritaire et humanitaire. Le site stratégique, où étaient positionnées les forces armées congolaises, était le dernier verrou militaire avant Bukavu, chef-lieu provincial d’un million d’habitants situé à une trentaine de kilomètres.

Quelques heures plus tard, ils sont entrés dans les faubourgs de Bukavu.

Le porte-parole du M23, Lawrence Kanyuka, a déclaré que Kavumu et ses environs, y compris l’aéroport, étaient désormais sous le contrôle du groupe rebelle1. Cette avancée fait suite à la prise de Goma, capitale de la province voisine du Nord-Kivu, fin janvier 2025.

L’entrée des rebelles dans Bukavu s’est faite quasiment sans résistance de la part des forces armées congolaises (FARDC) 6. Des témoins ont rapporté avoir vu des véhicules remplis de militaires congolais se replier vers Bukavu, tandis que des civils fuyaient la zone avec leurs biens.

Cette offensive du M23 et des troupes rwandaises a provoqué le déplacement d’environ 350.000 personnes, aggravant ainsi la crise humanitaire dans la région5. La prise de Bukavu, qui compte environ un million d’habitants, donnerait au M23 le contrôle total du Lac Kivu, une position stratégique le long de la frontière rwandaise.

Pendant ce temps, le président congolais Felix Tshisekedi se trouvait à Munich pour participer à la conférence internationale sur la sécurité. Le nouveau chef de la diplomatie belge Maxime Prévot (Engagés) s’est entretenu avec le président congolais Félix Tshisekedi.

Lors de cette rencontre, le ministre des Affaires étrangères a rappelé la position de la Belgique face à la situation à l’est du Congo : « un appel puissant au respect de la souveraineté et l’intégrité territoriale du Congo », a-t-il écrit. « Il n’y a pas de solution militaire. Renforcer la cohésion nationale est également très importante« , a-t-il ajouté.

A Munich, le président Tshisekedi a appelé la communauté internationale à mettre davantage en exergue la responsabilité de son voisin rwandais dans la situation actuelle. Il a aussi pointé son prédécesseur, Joseph Kabila, qui, selon lui, serait aussi derrière l’agitation.

Vendredi, les chefs d’Etat et de gouvernement africains étaient réunis à Addis Abeba (Ethiopie) pour évoquer la situation dans l’est du Congo. Samedi, l’Union africaine tiendra sa réunion annuelle. Selon des sources dans l’entourage du président congolais, M. Tshisekedi ne devrait toutefois pas y assister.

Saliou Cissé