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RDC : Partenariat minier stratégique avec les États-Unis en échange de garanties sécuritaires

RDC : Partenariat minier stratégique avec les États-Unis en échange de garanties sécuritaires

Alors que la République démocratique du Congo (RDC) fait face à une offensive persistante des rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23) – soutenus, selon des rapports onusiens, par le Rwanda –, Kinshasa cherche à sécuriser son territoire tout en valorisant ses immenses ressources minières. Le gouvernement congolais a proposé aux États-Unis un accès privilégié à ses réserves de cobalt, lithium et autres minerais critiques en échange d’un soutien militaire et d’une stabilisation régionale.

Une offre stratégique dans un contexte de guerre et de concurrence géopolitique

L’idée d’un tel partenariat a été évoquée pour la première fois par le président Félix Tshisekedi dans une interview au New York Times le 22 février. Elle s’inspirerait d’un modèle similaire à celui envisagé avec l’Ukraine, où un soutien sécuritaire américain pourrait être échangé contre l’accès à des terres rares.

Pour la RDC, un tel accord aurait un double avantage : dissuader l’avancée du M23, qui contrôle déjà des zones clés des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, et réduire la dépendance du pays vis-à-vis des entreprises chinoises, qui dominent actuellement près de 70 % du secteur minier congolais, notamment dans l’extraction du cuivre et du cobalt.

Les enjeux économiques : cobalt, lithium et diversification des partenariats

La RDC détient entre 60 % et 80 % des réserves mondiales de coltan et produit 70 % du cobalt mondial, un minerai essentiel pour les batteries de véhicules électriques et les technologies vertes. Elle est également un important fournisseur de lithium, de tantale et d’uranium.

Face à la rivalité sino-américaine pour l’accès aux ressources stratégiques, les États-Unis pourraient voir dans cette proposition une opportunité de sécuriser leurs approvisionnements. Début mars, un porte-parole du département d’État a confirmé à Reuters que Washington était ouvert à des discussions alignées sur la politique America First, tout en promouvant des investissements « responsables et transparents ».

Les détails de l’offre congolaise : droits miniers exclusifs contre soutien militaire
Selon des documents consultés via le site de la Loi sur l’enregistrement des agents étrangers, la proposition congolaise, relayée par le lobbyiste Aaron Poynton, va au-delà d’un simple accès aux mines. Elle inclurait :

Un contrôle opérationnel et des droits d’extraction exclusifs pour les entreprises américaines ;

Une participation dans un projet de port en eau profonde sur la côte atlantique ;

La création d’un stock stratégique commun de minéraux.

En échange, les États-Unis fourniraient une assistance militaire, incluant formation, équipement et soutien direct aux forces armées congolaises (FARDC).

Tensions régionales et échec des négociations de paix

Les autorités congolaises accusent depuis longtemps le Rwanda de soutenir le M23 pour exploiter les richesses minières de l’Est – une accusation que Kigali rejette catégoriquement. Malgré plusieurs initiatives de médiation, dont une réunion avortée en Angola le 18 mars, les pourparlers de paix piétinent.

Toutefois, une rencontre entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame, organisée le même jour à Doha sous médiation qatarie, a abouti à un engagement commun pour un « cessez-le-feu immédiat et inconditionnel ». Reste à savoir si cette déclaration se traduira par des actions concrètes sur le terrain.

Un pari risqué pour la RDC ?

Si ce partenariat avec les États-Unis offre des perspectives économiques et sécuritaires, il n’est pas sans risques. Une dépendance accrue vis-à-vis de Washington pourrait susciter des tensions avec la Chine, principal partenaire actuel de Kinshasa. Par ailleurs, la communauté internationale surveillera de près les conditions de transparence et de respect des droits humains dans l’exploitation minière.

Pour le président Tshisekedi, l’objectif affiché est clair : transformer les minerais sur place pour créer une chaîne de valeur ajoutée en RDC, plutôt que de continuer à exporter des matières brutes. Reste à voir si ce « deal » stratégique permettra effectivement de stabiliser la région tout en bénéficiant à l’économie congolaise.

Saliou Cissé

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