Tunisie: la contestation prend de l’ampleur cinq ans après la révolution
Cinq ans après la révolution, la Tunisie faisait à nouveau face à la contestation contre le chômage et l’exclusion sociale qui, partie de Kasserine (centre), s’étendait à d’autres villes, contraignant le Premier ministre à écourter sa tournée en Europe.
Face à la dégradation de la situation, Habib Essid, qui participait au Forum de Davos (Suisse) et devait ensuite se rendre en France pour y rencontrer notamment son homologue Manuel Valls, a annoncé qu’il présiderait samedi un conseil des ministres exceptionnel et tiendrait une conférence de presse.
Des mouvements de protestation – parfois marqués par des heurts avec la police – ont de nouveau eu lieu jeudi, et gagné de nouvelles villes, rappelant parfois les manifestations qui avaient emporté le régime de Zine el Abidine Ben Ali fin 2010-début 2011.
A Kasserine, dans le centre défavorisé, la police a comme la veille fait usage de gaz lacrymogène pour disperser des manifestants qui bloquaient des routes et jetaient des pierres. En soirée, l’atmosphère restait tendue, le couvre-feu n’étant pas respecté.
C’est dans cette ville que les troubles ont commencé à la suite du décès samedi d’un chômeur de 28 ans, Ridha Yahyaoui, électrocuté après être monté sur un poteau. Il protestait avec d’autres contre son retrait d’une liste d’embauches dans la fonction publique.
la Tunisie a pu, malgré les difficultés, organiser des élections libres et adopter une nouvelle Constitution, elle ne parvient pas à relancer son économie affectée par l’instabilité et les attentats jihadistes. Le chômage dépasse 15% au niveau national et atteint le double chez les diplômés. Ces taux sont encore supérieurs à l’intérieur du pays.
Samsidine Badji