Selon « Le Quotidien » Nkrumah Sané rejette toute assise inter-MFDC
Macky Sall doit respecter ses engagements s’il veut régler le conflit en Casamance. Cette interpellation est de Mamadou Nkrumah Sané. Le secrétaire général du mouvement rebelle Casamançais qui rejette toute idée d’assises inter-Mfdc attend des actes forts et concrets de la part du chef de l’Etat qui aurait, en tant que candidat à la présidentielle, promis de décréter un cessez-le-feu si les Sénégalais lui faisaient confiance au soir du 25 mars 2012.
«Macky Sall va tout droit vers le mur». Un triste constat fait par Mamadou Nkrumah Sané qui conclut à un échec du chef de l’Etat dans la prise en charge du dossier Casamançais. Pour le secrétaire général autoproclamé du mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc), Macky Sall a échoué avant même de commencer. Un échec qu’il lie au non-respect d’un engagement qui aurait pu faire avancer le processus de paix. Si l’on en croit Mamadou Nkrumah Sané, le candidat Macky Sall s’était engagé publiquement à décréter un cessez-le-feu sur le terrain en Casamance si toutefois il devenait président de la République du Sénégal. Plus de trois mois après son accession à la magistrature suprême, que reste-t-il de cette promesse ? «Cet engagement qui devait être un sacerdoce a été foulé au pied», constate le secrétaire général du Mfdc pour s’en désoler. D’ailleurs, commente-t-il, «les Sénégalais nous ont habitué à du Wax Waxéet (se dédire en Wolof : Ndlr)».
Un comportement dénoncé par cet homme considéré comme un des théoriciens de l’indépendance de la Casamance. Un cessez-le-feu pouvait pourtant, de l’avis de Mamadou Nkrumah Sané, faire bouger les choses. «C’est à partir de cet acte que les deux parties pourraient désigner leurs représentants à la table des négociations», fait-il remarquer. A la place, l’ancien compagnon de la figure emblématique de la rébellion en Casamance, abbé Augustin Diamacoune Senghor constate que Macky Sall a choisi une autre voie qui rappelle, selon lui, la démarche de l’ancien régime en snobant certains. «Le régime actuel fait dans la marginalisation», s’indigne Mamadou Nkrumah Sané qui rappelle à Macky Sall «qu’au cas où il ne le saurait pas, je suis le secrétaire général du Mfdc. Il parle de César Attoute Badiatte, de Gnantang Diatta et de Salif Sadio en oubliant qu’en tant que leader politique du Mfdc, personne ne peut m’écarter», avertit Mamadou Nkrumah qui se dit convaincu qu’un jour, les nouvelles autorités s’en apercevront. «On ne peut pas entrer dans une arène et choisir les petits lutteurs lorsqu’on veut devenir champion», ironise-t-il.
Pourtant, le leader du mouvement séparatiste de Casamance ose croire à la bonne foi du président de la République. Mais, encore faudrait-il qu’il fasse les bons choix. Pour cela, Mamadou Nkrumah Sané conseille au chef de l’Etat de mettre à contribution des personnalités comme Amath Dansokho. Pour sa part en tout cas, le chef politique du Mfdc se dit prêt à aller à la table des négociations. Lesquelles devraient se tenir hors du continent Africain pour Mamadou Nkrumah Sané qui rejette par ailleurs toute idée d’assises inter Mfdc. Car, se défend-il, «le Mfdc a des instances régulières habilitées à conduire les négociations de paix pour l’indépendance de la Casamance».
Mamadou Papo MANE