Sénégal: Le discours sur la Casamance change.
Sur Radio France Internationale et TV5Monde à l’émission ‘’Internationales’’, Macky Sall se dit prêt à négocier tout sauf la partition du Sénégal. « Il faut toujours donner une chance à la paix et voir ce que cela va donner’’, a dit le chef de l’Etat sénégalais à propos d’une éventuelle tenue des discussions à l’étranger telle que le souhaite Salif Sadio et Atoute César Badiate. Il poursuit : ‘’Oui, je réponds oui à la négociation. La seule chose, en tant que président du Sénégal, ce que je ne peux pas négocier, c’est la partition du Sénégal. Par contre, sur tout le reste, nous pouvons discuter’’, a-t-il précisé.
Voilà donc un Sénégal qui évolue avec son temps! En 1960 c’était l’occupation par la force de la Casamance. En 1962, c’était la partition de la Casamance en deux par Waldiodio Ndiaye (Sénégal Oriental et Casamance). En 1982 c’était la répression du Casamançais sans oublier les emprisonnements. Dès 1984, d’autres partitions de la Casamance ont été imposées. Aujourd’hui en 2012, la guerre imposée à la Casamance n’ayant pas détruit la mémoire collective des indépendantistes, Macky Sall à Paris en France déclare d’accepter tout sauf la partition.
Qu’a donc changé ?
- Le rapport de force sur le terrain militaire. L’armée sénégalaise est acculée dans tout le territoire de Casamance (Kassana, Effock, Emaye) et n’est pas parvenue à libérer ses dix éléments faits prisonniers de guerre maintenant six mois. La démission fracassante du chef des commandos à Bignona en dit long.
- La situation géopolitique : le Mali est en ébullition, la Guinée Bissau instable, les mouvements salafistes et jihadistes désormais actifs au cœur du Sénégal font peur.
- Le changement d’un nouveau gouvernement en France qui aurait d’ailleurs poussé Macky Sall à revoir sa copie sur la Casamance avant qu’il ne soit trop tard reste une nouvelle donne dans les relations France-Afrique
- La prise de conscience des Casamançais de leur histoire différente de ce que leurs racontes les Sénégalais.
- La nouvelle équipe politique du MFDC qui a su remobiliser la population derrière elle sans fanfare ni tamtam.
Si au Sénégal la mentalité évolue de manière lente dans l’appréciation de la situation, en Casamance les populations ont leur agenda et leur objectif d’indépendance est indiscutable puisque c’est un droit.
Bintou Diallo pour le Journal du Pays.