La Casamance attend beaucoup de la gambienne Fatou Bensouda à la tête de la Cour pénale internationale (CPI)
La Gambienne Fatou Bensouda prend officiellement ses fonctions ce lundi 18 juin à la tête du bureau du procureur de la Cour pénale internationale, à La Haye. A 51 ans, elle succède à l’Argentin Luis Moreno-Ocampo, arrivé au terme de son mandat de neuf ans. Une Africaine à la tête de la CPI, il n’est pas certain que cela calme la colère de nombreux dirigeants du continent envers une institution très critiquée par l’Union africaine ces derniers temps. La nouvelle procureure a justement de gros dossiers relatifs au continent qu’elle va devoir gérer. Les crimes et les meurtres en Casamance par les régimes sénégalais de Léopold Sédar Senghor, d’Abdou Diouf et d’Abdoulaye Wade devront être examinés. C’est ce qu’attend d’elle la Casamance entière.
Fatou Bensouda peut d’abord se prévaloir de ce qu’elle est : Africaine et musulmane, mais ce n’est pas tout. Elle a aussi son parcours et son expérience : depuis 2004, elle occupait le poste de procureur-adjoint de la CPI.
Auparavant, elle a travaillé pour le Tribunal pénal international pour le Rwanda, basé à Arusha, en Tanzanie, après avoir été ministre de la Justice dans son pays, la Gambie. Fatou Bensouda sera peut-être moins médiatique que l’Argentin Luis Moreno Ocampo mais sûrement pas moins déterminée.
Aux détracteurs de la Cour qui l’accusent d’incarner une justice à la solde des Blancs, une justice néocolonialiste, Fatou Bensouda répond que la CPI travaillera toujours pour et avec les victimes en Afrique et ailleurs, avant de citer les examens préliminaires en cours sur la Colombie, l’Afghanistan, la Corée et la Palestine. Lors de sa prestation de serment vendredi 15 juin, elle a promis d’agir « en toute indépendance et impartialité ».
Sur la table de son bureau, déjà de gros dossiers : celui de l’Ivoiren Laurent Gbagbo ou du Congolais Jean-Pierre Bemba. Celui aussi du Soudanais Omar el-Béchir et du Libyen Seïf al-Islam que la CPI voudrait bien voir arrêtés et Abdou Diouf qui est protégé pour le moment par les états de la Francophonie.
Pour sa part, Sidiki Kabah, président d’honneur de la FIDH, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme, estime que si Fatou Bensouda dispose d’atouts indéniables pour faire passer les messages, elle ne doit pas être à ce poste pour faire de la diplomatie.
Ibou Camara