Cameroun: Tension au nord-est du pays sous fond de fédéralisme
Les affrontements entre police et manifestants jeudi à Bamenda (nord-ouest du Cameroun), l’un des fiefs de la minorité anglophone en colère, ont fait au moins deux morts, selon la télévision d’Etat CRTV, tandis que l’opposition par la voix du porte-parole du Social democratic front (SDF) parle de quatre morts.
La CRTV, chaîne de télévision bilingue français/anglais, les deux langues officielles du Cameroun, a diffusé un bref reportage avec des images de barricades et de pneus brûlés dans le centre de Bamenda.
Un commissariat a été incendié (par les manifestants). Les policiers sont en train d’arrêter les gens dans la ville, y compris les personnes blessées. Des atrocités sont commises sur les populations, a-t-il ajouté.
De précédents affrontements avaient fait au moins un mort fin novembre, trois d’après le SDF, à Bamenda, capitale du Nord-Ouest, l’une des deux régions anglophones du Cameroun (sur dix).
La minorité anglophone – environ 20% des quelque 22,5 millions de Camerounais, proteste contre sa marginalisation dénoncée par des enseignants et des avocats.
Depuis le 21 novembre, les cours sont suspendus dans les universités, les collèges et les écoles dans plusieurs villes de ces deux régions anglophones proches du Nigeria.
Ex-colonie allemande, le Cameroun a été divisé par la Société des nations (SDN, ancêtre de l’ONU) après la Première guerre mondiale: une partie sous tutelle française et une autre, proche du Nigeria, sous mandat britannique.
En 1960, le Cameroun sous tutelle français accède à l’indépendance. Un an après, une partie des anglophones décident par référendum de rester dans le giron du Cameroun, mais insistent pour conserver les systèmes juridique et éducatif hérités de la Grande-Bretagne.
Le fédéralisme est alors instauré entre 1961 et 1972, mais le président Ahmadou Ahidjo proclame la République unie en 1972.
Saliou Cissé