EDITORIAL: ET SI LA FRANCE ARMAIT ENCORE LE SENEGAL CONTRE LA CASAMANCE POUR TUER
Nicolas Sarkozy a annoncé mercredi 18 avril 2021, l’octroi d’un crédit de la France de 130 millions d’euros au Sénégal, une aide bienvenue par le nouveau président Macky Sall qui a hérité d’une caisse vide et des détournements des biens de l’Etat par son prédécesseur Abdoulaye Wade.
Cette visite a été rendue possible par l’homme d’affaires français Vincent Bolloré ami proche de Sarkozy qui a mené le lobbying pour arranger cette audience organisée par Claude Guéant, Ministre de l’Intérieur.
Les deux présidents ont signé un nouvel accord de défense franco-sénégalais de « formation et de fourniture de matériels d’information » selon la version officielle.
En Casamance comme dans toute l’Afrique francophone, cette visite suscite beaucoup d’interrogations :
- Pourquoi le président Sarkozy s’empresse t-il de recevoir le nouveau président sénégalais alors qu’il n’est même pas sûr d’être réélu dans les prochaines semaines lors des élections présidentielles ?
Nous savons que la politique française en Afrique bat des ailes : Le problème des valises d’argent remises par les présidents africains par l’intermédiaire de Robert Bourgi aux présidents français notamment à Nicolas Sarkozy, le discours déplacé de ce dernier à Dakar le 26 juillet 2007, l’implication de la France dans le conflit interne en Côte d’Ivoire, les conséquences de son ingérence en Libye suivie de l’armement des groupes islamiques touaregs, le coup de force au Gabon et en Guinée, les coups d’état au Mali et en Guinée-Bissau.
Sarkozy voudrait donc, par cet empressement, redorer son blason avant de quitter le pouvoir et avoir l’air de bonne conscience dans ses relations difficiles avec l’Afrique.
- La délégation sénégalaise est fortement composée de militaires dont Augustin Tine, le ministre des Forces armées et le Général Abdoulaye Fall, chef d’Etat-major des Armées. Pourquoi donc? Se demandent les Casamançais ?
L’explication ne peut être la situation au Mali ou la menace de l’AQMI. Cette version serait naïve et ne tiendrait pas la route. Selon beaucoup d’experts en géostratégie, la déroute en Casamance de l’armée sénégalaise en est vraisemblablement la raison principale.
Nous savons que dans le cadre d’un partenariat d’échanges entre l’école militaire française de l’infanterie de Draguignan et l’école d’application de l’infanterie (EAI) de Thiès, base militaire sénégalaise dont 60% de l’effectif est envoyé en guerre en Casamance, une vingtaine de lieutenants de l’armée française ont effectué du 11 au 29 janvier 2012 un séjour d’entraînement tactique au combat à Toubacouta avec leurs homologues sénégalais. La suite est la démission du Chef des Commandos de Thiès le colonel Abass Fall et une dizaine de prisonniers de guerre quelque part en Casamance dans les mains d’ATIKA, la branche armée du MFDC. Une autre explication serait et pas des moindres, préparer un coup d’Etat en Gambie en occupant militairement ce pays frère de la Casamance ou armer les opposants gambiens se terrant à Dakar et sa banlieue afin de renverser le régime de Yahya Jammeh, jugé encombrant par Dakar, même si on lui fait l’œil doux après une visite éclaire de Macky Sall, avant de se rendre à Paris.
Les armes françaises ne doivent plus tuer en Casamance ou en Gambie. La France des libertés se doit d’arbitrer le différend entre le Sénégal et la Casamance et aider rapidement à une solution négociée. Tel est l’espoir de la Casamance et de l’Afrique. La colonisation, même si elle passe par des mains sénégalaises, ne vaincra pas en Casamance.