La lutte pour l’indépendance de la Casamance perd chaque jour de son caractère spontané et propriétaire au MFDC, pour un soulèvement populaire et collectif de tous les Casamançais. Concomitamment, l’échelle des violences est montée d’un cran avec la volonté du gouvernement sénégalais d’Abdoulaye Wade d’utiliser la force des armes et de ne pas s’asseoir avec les dirigeants du MFDC autour d’une table.
Le rêve de soulèvement populaire pacifique, qui mènerait le peuple de Casamance à la souveraineté nationale, s’éloigne de plus en plus. Il serait une tâche difficile, de convaincre les combattants à renoncer à leur progression victorieuse.
En effet sur le terrain, les combattants du MFDC mènent la danse et frappent où ils veulent et quand ils le souhaitent. La diaspora casamançaise continue de soutenir par tous les moyens les familles au « pays » et le MFDC. De son côté, Abdoulaye Wade mise sur la répression massive, la division du MFDC et le soutien militaro diplomatique de ses alliés comme la Côte d’Ivoire, le Maroc et la France.
Le régime sénégalais a définitivement perdu sa légitimité depuis 1982, à la suite de ses répressions sanglantes de civils, des élèves et des enseignants qui tous estiment aujourd’hui qu’il est grand temps d’y porter le coup de grâce. Mais ce gouvernement conserve un noyau de soutien, chez la grande bourgeoisie citadine politico-militaro-affairiste dakaroise, à savoir ceux qui craignent de perdre leur statut privilégié dans une Casamance libre et indépendante contrôlée par une majorité revancharde.
Une chose est certaine, que le régime se maintienne par la violence en Casamance ou disparaisse à jamais, c’est tout l’équilibre de cette partie de l’Afrique de l’Ouest qui reste modifiée: soit les grands rivaux du Sénégal (Mali, Guinée, Gambie) voient leur influence s’accroître, soit c’est le Sénégal qui poursuit sa volonté expansionniste du « Grand Sénégal ».
Au milieu de ces affrontements géopolitiques, le peuple casamançais paie de son sang l’idéal de liberté et de dignité.