Casamance: la politisation des inondations: le cas de Ziguinchor Commune
Ce qui se passe, aujourd’hui, dans la capitale du Sud est d’une ampleur jamais connue dans le passé. C’est vrai qu’il y a des quartiers bâtis sur des zones non aedificandi. Néanmoins, les inondations n’ont, jusqu’ici, atteint un tel pic bien que la ville soit connue pour enregistrer des quantités pluviométriques importantes depuis Mathusalem. Comment se fait-il, alors, qu’il y ait ce changement de situation ?
LES FAITS
On aurait parlé des effets du dérèglement climatique sous d’autres cieux ; ce qui n’est pas le cas ici. Seulement, il y a trois phénomènes qui ont précipité ces inondations.
PRIMO, l’absence d’un système efficace de gestion de la salubrité a fait que les déchets solides et le sable ont bouché les canaux d’évacuation des eaux de pluie. Partout dans la ville, des tas d’ordures ménagères sont déposés le long des voies et finissent par déborder pour se retrouver dans ces canaux à ciel ouvert. L’absence du curage et du désensablement ont, en partie, conduit à la situation d’aujourd’hui.
SECUNDO, la boulimie foncière est telle qu’il y a un morcellement de l’espace public à des fins de commercialisation. Tout espace vide dans la ville est convoité par l’oligarchie locale. La corruptibilité de l’équipe municipale et le laisser-faire des pouvoirs déconcentrés aidant, l’espace public et les espaces verts font l’objet d’une vente effrénée. A titre exemplatif, c’est la cession de l’espace à la sortie de la gare routière, à deux sociétés pétrolières y construisant deux stations d’essence, qui a obstrué le passage naturel des eaux de ruissellement, occasionnant l’inondation de la gare.
TERTIO, les routes réhabilitées en centre ville par le pouvoir central, via l’AGEROUTE, sont mal faites car non accompagnées d’un système efficace d’évacuation des eaux pluviales. La moindre goutte de pluie précipite une stagnation des eaux qui, jadis, ruisselaient sans entraves. En outre, les travaux en cours de la Nationale VI y ont grandement contribué.
De ce fait, des quartiers entiers sont sous les eaux. Des cris de détresse se font entendre partout : les populations crient leur ras-le-bol, les autorités municipales disent être dépassées par la situation et l’autorité déconcentrée trouve son bouc-émissaire.
DU LACHAGE DE LA PROIE POUR L’OMBRE
Les manquements de l’équipe municipale, le laisser faire des autorités déconcentrées et les atermoiements du pouvoir central semblent passés aux oubliettes.
Le gouverneur de la région, bras armé du pouvoir central, pointe du doigt les populations en ces termes : « IL FAUDRA PROCEDER A DES DEGUERPISSEMENTS OU A DES DEMOLITIONS DE CONSTRUCTIONS QUI SONT EN TRAIN DE GENER LE PASSAGE NATUREL DES EAUX. CELA FAIT PARTIE DES SOLUTIONS QUE NOUS ENVISAGEONS. NOUS ATTENDONS LE TRAVAIL EN COURS DES TECHNICIENS AVANT DE METTRE EN ŒUVRE CES POSSIBILITES ».
A sa suite, le ministre délégué chargé de la restructuration et de la requalification des banlieues auprès du ministre du renouveau urbain, de l’habitat et du cadre de vie, annonce : « EN TANT QUE MINISTRE DE TUTELLE, NOUS SOMMES LA POUR APPORTER DES SOLUTIONS TRANSITOIRES ET SOULAGER UN PEU LES POPULATIONS TOUCHEES PAR LES INONDATIONS ». Il y aura ensuite un projet qui « METTRA FIN A UNE GRANDE PARTIE DES INONDATIONS ».
Toutes ces annonces sont destinées à tâter le terrain afin de pouvoir dérouler le projet politicien qui est le leur. Car, en parlant ainsi, je ne pense pas que celles-ci s’adressent à l’oligarchie locale qui a occupé l’espace public. Ces autorités pointent, sûrement, leur regard vers les populations. Dans ce cas de figure, elles font dans la paresse intellectuelle ou dans la perfidie intellectuelle, c’est selon. Elles oublient que la ville de Ziguinchor a une mémoire et il suffit d’interroger n’importe quelle personne ressource de la ville pour en avoir le cœur net.
Ce forfait qu’elles s’apprêtent à commettre ne passera pas comme lettre à la poste. S’il s’agit de démolir pour que les eaux pluviales ruissellent sans écueils, elles savent où conduire leurs engins. Vouloir saisir cette occasion pour démolir et déguerpir pour ensuite réattribuer les parcelles à d’autres fins, c’est vouloir faire du « SY LE MAIRE SANS SY LE MAIRE » ou encore du « SY LE MAIRE BIS ».
EN QUOI CONSISTE LE PROJET POLITICIEN DU POUVOIR CENTRAL ?
Les autorités étatiques, qui ont sciemment conduit à ces inondations, cherchent à régler un problème politique. C’EST LA FAMEUSE STRATEGIE DU CHAOS qui consiste à laisser la situation pourrir ou la faire pourrir pour ensuite venir en sauveur. Sinon, comment comprendre que le sous-préfet de Nyasia ait précipité la fermeture de la décharge de Mamatoro, quand il devait arranger le problème entre Ziguinchor-commune et les populations de Mamatoro. Nous ne dédouanons, cependant pas, la mairie de Ziguinchor qui est la seule responsable de cet état de fait. Nous voulons simplement dire que le pouvoir central a profité des erreurs de l’équipe municipale pour régler un problème politique que l’on reconnait à travers ces signaux.
- OCCULTATION DU VERITABLE PROBLEME : les vraies causes des inondations sont identifiables, mais, nos autorités ont préféré faire dans la diversion en trouvant leur bouc-émissaire, en la personne des propriétaires qui sont sur place depuis des années.
- SAISINE DE L’OCCASION POUR INSTAURER LA SEGREGATION SPATIALE : pour les autorités étatiques, certaines personnes n’ont plus droit de cité dans certains quartiers de la ville. C’est l’occasion rêvé pour les conduire à la lisière urbaine. Quelques années après, ces déguerpis verront leur propriété affectée à d’autres fins.
- MOYENS DE DETOURNER LES DENIERS PUBLICS : avec une précipitation inouïe, des marchés de curage sont octroyés à des entreprises locales dans des conditions que personne, à part nos autorités, ne maîtrise. Combien sera dépensé et dans quelles conditions sont octroyés les marchés ? Cela restera une énigme pour le Sénégalais lambda. Ce sera l’occasion de surfacturation pour financer, par la suite, les activités politiques du parti au pouvoir.
- FAIRE LES YEUX DOUX A LA POPULATION : le sous-ministre est envoyé à Ziguinchor pour dire aux populations : « VOUS VOYEZ, LA MAIRIE EST INCAPABLE DE GERER, A ELLE SEULE, LES AFFAIRES DE LA VILLE ». De deux choses, l’une : soit, il y a collaboration, est c’est le moment de légitimer la transhumance du maire et ses hommes ; soit, le maire reste dans l’opposition et ce sera un moyen de dire aux Ziguinchorois : « VOTRE MAIRE QUI NE PEUT MEME PAS GERER UNE COMMUNE, N’EST PAS APTE A GERER UN ETAT ».
Face à ces desiderata du pouvoir et les errements de l’équipe municipale, la seule force, aujourd’hui capable de barrer la route à ces spolieurs, reste les jeunesses de la ville. Sans cela, des familles entières se retrouverons à la lisière urbaine et verrons dans quelques années, leur parcelles utilisées à d’autres fins et aux mains d’autres propriétaires. Ce qui nous rappelle, tristement, ce qui a contribué au déclenchement de la crise plus que trentenaire de la Casamance, prenant naissance dans la même ville de Ziguinchor.
SOUMAILA MANGA, COORDONNATEUR DU MOUVEMENT JUSCA « JUSTICE SOCIALE POUR LA CASAMANCE »
alinou
Très pertinente votre contribution, M & E .
Souhaitons que la sensibilisation continue et que nos frères et soeurs accéptent enfin de voir
la vérité en face, ceux qui espèrent encore…
Avec le Sénégal la CASAMANCE ira de pire en pire , le mal étant déjà fait .
Son peuple subira le même sort.
Je salue ce GRAND réveil et cette immense solidarité,
ENSEMBLE , NOUS vaincrons.
SEULE la vérité triomphera tôt ou tard.
Vive la CASAMANCE unie
Vive la lutte de libération dans la vérité et la justice.
Bravo le JDP et ses compétants (es) journalistes vous faites un immense Job.
Ekonkon
Le sénégalais est d’abord un être humain, il n’est pas plus intelligent ou plus pratique que je ne sais qui. Alors pourquoi nous les Casamançais ne peuvent pas prendre notre destin en main ? C’est toujours les sénégalais qui viennent nous dire ce qui est bien ou mauvais pour nous. Pire que ça, c’est le nouveau gouverneur qui dit aux populations qu’il va les déguerpir. Quelle foutaise ? Il ignore même le maire de la ville Abdoulaye Baldé. Alors c’est quoi tout ça !!! Qui est meilleur que qui, qui est pire que qui ?
Safi
QUEL COURAGE MENDYCASA ALORS NE SOYONS PAS DEFAITISTES
Mendycasa
J’ai déja eu l’occasion de dire que le Sénégal ne parviendra jamais à faire plier la Casamance unie. J’ai aussi accusé la France de complicité en défendant mordicus l’enfant terrible (Le Sénégal de Senghor, de Diouf, de Wade, de Sall) qu’elle a enfanté pour mieux pénétrer l’Afrique Occidentale, car elle a été coupable, par son silence et sa lâcheté, de ne pas reconnaître la Casamance qui a lui a pourtant fourni son sang neuf (jeunesse) pour combattre les Allemands nazis au nom de la liberté.
Ceux qui mettront fin à la politique d’expansion et d’agression contre les Casamançais, ce sont les Casamançais eux-mêmes qui sont lassés par ce perpétuel état de guerre et par la prédominance des Sénégalais dans le pays de Moussa Molo, Aline Sitoé, Fodé Kaba. Vous rappelez-vous de la contradiction apportée par Abbé Diamacoune Senghor quand ce dernier assimilait le professeur Assane Seck de trahison, alors que ce dernier a créé le MAC (Mouvement autonome de la Casamance) et se laisser confondre dans la sauce sénégalaise? Aucune voix discordante n’est venue d’antan de nos politiques de cette génération honteuse. L’avénement bien-pensant du Mfdc a donné à tout Casamançais la fierté de notre histoire riche et authentique.
Soutenons donc cette courageuse démarche dans sa quête de justice pour le peuple casamançais abandonné de tous! Votre contribution va dans ce sens et j’applaudis.