Chronique du faux pas de Robert Sagna à Paris
L’ancien ministre Robert Sagna a organisé donc le samedi 26 janvier 2013, sa journée de rencontre à Paris premièrement dédiée à des discussions avec l’aile politique du MFDC. Pour se faire, il débarque à l’aéroport d’Orly avec une équipe de « Réflexion » composée de Ndèye Marie Thiam, présidente de la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance, de Nouha Cissé, ancien proviseur du lycée Djignabo de Ziguinchor, de Saliou Cissé, ancien ambassadeur, de Louis Tendeng, membre d’une tendance ziguinchoroise du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamances (MFDC), de Atab Bodian du Collectif des cadres casamançais et de l’ancien professeur Ibrahima Ama Diémé.
Robert Sagna, surnommé Bob, était conscient du fait que sa sortie créerait des remous au sein du MFDC, ainsi que du risque de voir le Président Macky Sall en faire son miel au cours de sa prochaine intervention au peuple sénégalais, la veille du 4 avril 2013. Peut-être a-t-il calculé que son propre image à la fin de sa carrière politique en subirait un coup de brillance.
Le message envoyé aux militants indépendantistes n’en est pas moins clair. Bob peut bien s’indigner d’être condamné par association et collaboration avec les régimes brutaux de Senghor, d’Abdou Diouf et de Wade envers la Casamance.
Ainsi, j’estime que l’éthique pose problème. Bob et sa suite peuvent être assurés qu’ils développent un sentiment de méfiance et même de rejet.
Outre la question de l’éthique, la façon dont Bob tente continuellement de ménager les anciens de la CELIC et de Sidy Badji (Rappel de l’éviction de l’Abbé Diamacoune en 2001 à Banjul) tombe manifestement sur les nerfs des cadres du mouvement indépendantiste.
On savait déjà que la cohabitation entre les Sidystes dirigés par Mamadou Goudiaby et Fansou Sané et la section du MFDC en France proche de Nkrumah serait difficile.
Bob voudrait bien croire voir les rivaux parisiens du MFDC se tendre un rameau de palmier, mais il est certainement le premier à savoir qu’il ne peut plus y avoir qu’une réconciliation de façade. Ce weekend passé donc cette cohabitation est devenue carrément impossible.
Bob et son cortège de spécialistes de la « Paix » sont également bien placés pour savoir qu’il est illusoire de penser qu’en misant seulement sur le développement économique de la Casamance, on pourra avoir la paix.
De quelle paix s’agit-il d’ailleurs? Une paix à coquille vide pensée à Dakar, ou une paix initiée et conduite par les Casamançais pour faire épanouir les populations dans la liberté et la justice.
À tous égards, la sortie de Robert Sagna à Paris restera un coup d’épée dans l’eau ou simplement un faux pas.