Birmanie: Deux journalistes de Reuters condamnés à cinq ans de prison
Deux reporters de Reuters Wa Lone, 32 ans, et Kyaw Soe Oo, 28 ans sont accusés d’ »atteinte au secret d’Etat » pour avoir enquêté sur un massacre de musulmans rohingyas par l’armée en Birmanie ont été condamnés lundi à sept ans de prison, au terme d’un procès qui a entaché un peu plus l’image de la prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi.
Les deux reporters birmans de l’agence de presse enquêtaient sur un massacre de membres de la minorité musulmane dans le village de Inn Dinn.
« Ayant tous deux porté atteinte au secret d’Etat, ils sont condamnés à sept ans de prison chacun« , a déclaré le juge Ye Lwin, devant une salle d’audience pleine à craquer de journalistes et diplomates.
« Le gouvernement peut bien nous emprisonner… mais ne fermez pas les yeux et les oreilles du peuple », a lancé Kyaw Soe Oo à la foule de journalistes présents devant le tribunal.
« Nous continuons à demander leur libération« , a réagi Knut Ostby, le représentant de l’ONU en Birmanie, peu après l’énoncé du verdict.
L’Union européenne a aussi appelé à leur « libération immédiate et inconditionnelle ».
« Nous demandons la libération immédiate des journalistes », a déclaré Mark Field, le secrétaire d’Etat britannique aux Affaires étrangères, chargé de l’Asie. « C’est un jour sombre pour la Birmanie« , a-t-il estimé.
La France a « déploré » cette condamnation, la qualifiant de « sérieuse atteinte à la liberté de la presse et à l’État de droit » en Birmanie.
Outre celles de l’ONU, de l’UE et de Londres et Paris, les réactions internationales ne se sont pas fait attendre.
L’organisation de défense des journalistes Reporters sans frontières (RSF) « condamne avec la plus grande fermeté cette décision qui vient clore une instruction fantoche » en Birmanie, classée 137ème sur 180 pays dans le classement mondial de RSF.
En Casamance, les journalistes indépendants qui se sont engagés pour la libération de leur confrère René Capain Bassène ont qualifié cette condamnation « absurde et dangereux pour la liberté des Birmans. » Ils demandent la libération immédiate et sans condition des deux reporters.
ARDiallo