Des Gambiens, Bissau-Guinéens et Casamançais appellent à la fin de la présence sénégalaise dans leur pays et des responsables politiques dénoncent une violation de la souveraineté nationale: l’aventurisme de Macky Sall pour la création du « Grand Sénégal Fulbé » rappelle la conquête islamique du Marabout El hadji Omar Foutiyu Tall du Fouta Toro les années 1800.

L’analogie est telle dans les esprits que le Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) et le Parti Démocratique unifié (UDP) de la Gambie n’ont pas hésité à jouer sur cette corde après l’ingérence répétée des autorités politiques et militaires sénégalaises dans ces pays pour les élections présidentielles.

Pour une militante du PAIGC : « Le monde ne peut se permettre une nouvelle guerre en Guinée-Bissau et dans la sous-région. »

En faisant rouler les tambours de la guerre dans cette zone, Dakar n’est pas parvenu à s’attirer la sympathie d’une classe politique et surtout les populations. Au contraire, les rangs de ses adversaires se sont resserrés, affirment les spécialistes.

« La rhétorique de l’anti-sénégalais est de retour« , constatent les observateurs à Bissau.

Le Sénégal n’avait rien fait d’aussi agressif depuis longtemps, donc cela a ravivé les souvenirs de l’occupation sénégalaise au point que le PAIGC, majoritaire dans le pays et dans l’Assemblée n’hésite plus à réactiver le cordon sensible de la souveraineté et de la lutte de libération contre le Portugal ancien pays colonisateur.

En  faisant élire Adama Barrow en Gambie et Umaro Sissoco Embalo en Guinée Bissau, le Sénégal de Macky Sall s’est engagé dans un conflit ouvert avec une grande composante des nationalistes de ces pays. Cette politique aventureuse a été décidée au palais avenue Roume à Dakar parce que l’administration Faye-Sall se rend compte que le Sénégal et la Francophonie perdent leur influence en Afrique de l’Ouest.

N’oublions pas que ces partis qui s’opposent au Sénégal ont une aile politique et gouvernementale, des médias, de l’argent, des relations internationales, de l’expérience, une influence dans l’armée, des ressources humaines et des partisans dans le pays et la diaspora qu’ils peuvent mobiliser aisément. Désormais, ils ont pour eux l’argument de la souveraineté nationale et de la rupture avec Sénégal qui perd le cadre légal de leur présence en Gambie et en Guinée-Bissau même si il bénéficie de la couverture des forces de la CEDEAO.

Aujourd’hui, plus personne ne se pose la question de savoir si la Gambie, la Guinée Bissau et la Casamance retrouveront leur indépendance, mais plutôt quand.

Antoine Bampoky