Alors que la commission électorale et la Cour suprême sont en désaccord quant au recomptage ou pas des bulletins de vote pour connaître enfin le nom du président élu, le candidat Umaro Sissoco Embalo se présentant comme président élu poursuit ses sorties spectaculaires. Assuré de plusieurs soutiens en Afrique francophone notamment celui du président Macky Sall du Sénégal, Embalo s’attaque vertement au président guinéen Alpha Condé.

Dans une interview accordée à Jeune Afrique (JA), le Général Umaro Sissoco Embalo a prononcé des mots extrêmement menaçants vis-à-vis d’Alpha Condé le président guinéen, auquel il demande de faire « attention car ils sont des voisins immédiat ». Il affiche clairement son soutien à l’opposant Cellou Dalein Diallo son « parent Peulh » dit-il et déclare que le président Condé ne sera plus médiateur en Guinée Bissau.

Le Journal du Pays livre un extrait de son l’interview avec Jeune Afrique.

JA : Il y a une histoire compliquée et douloureuse entre Alpha Condé et vous. Cela est-il à l’expulsion de Nécotrans du port de Conakry où vous y avez travaillé comme conseiller du PDG Richard Talbaut.

Embalo : C’est exact, mais ce n’est pas lié à cette affaire. J’ai rencontré Alpha Condé chez Blaise Compaoré à l’époque où il était opposant. Ses amis étaient les miens. Et nous avions les mêmes ennemis. Il m’appelait fiston et moi je l’appelais président. Il avait beaucoup d’estime à mon égard et j’avais beaucoup d’affection pour lui. Cette animosité que je lui inspire aujourd’hui, je ne la comprends pas. Lui seul sait d’où elle vient.

JA : Votre brouille est donc apparue subitement ?

Oui il est venu assister à la prestation de serment du président José Mario Vaz en 2014, j’avais alors été chargé d’accueillir les chefs d’Etat et j’ai senti qu’il était froid. Nous nous sommes revus à Dakar pendant un sommet. Certains dirigeants ont commencé à me demander ce qui se passait en lui et moi. José Mario Vaz m’avait prévenu : « il y a deux personnes qui ne t’aiment pas. Yaya Jammeh et Alpha Condé ». Plus tard j’ai revu Alpha Condé à New York en marge de l’assemblée générale de l’ONU et j’ai compris qu’il éprouvait une vraie animosité à mon égard. J’ai appris qu’il parlait mal de moi devant tous les chefs d’Etat. Il a tout fait pour gâter mon nom. Alors je suis à mon tour devenu très hostile à son égard pour lui montrer qu’il n’était pas mon père.

JA : Vos relations amicales avec son principal opposant Cellou Dalein Diallo n’ont-elles pas pu provoquer cette animosité ?

Cellou c’est mon parent peulh, si je peux le soutenir de quelque façon que ce soit, je le ferai.

JA : Mais Alpha Condé et vous êtes voisins. Vous allez devoir prononcer des paroles d’apaisement, aller à Conakry à un moment ou un autre. Une réconciliation est-elle possible ?

Vous savez qu’il n’y a pas d’ennemis permanent dans la vie. Et qu’il est désormais mon homologue, je suis un musulman croyant, je n’ai pas de haine, on peut tourner la page. Mais c’est lui qui doit faire le premier pas. Car c’est lui qui en a tort. Souvenez-vous qu’il a mis la Guinée Bissau à genou en étant le prétendu médiateur de la CEDEAO. C’était en 2017, c’est la plus grande humiliation que mon pays ait subie. Je ne le tolérerais plus. C’est terminé. Alpha Condé ne sera plus médiateur en Guinée Bissau.

JA : Ce que vous dites est très dur…

Mais c’est ma position. Je ne cherche pas l’apaisement avec Alpha Condé. Il m’a fait trop de mal, j’attends ses excuses. Il a soutenu mon adversaire mais il ne s’est arrêté là. Il n’a aucun respect pour moi et je n’ai aucun respect pour lui.

JA : Vous disiez à Brazzaville que c’est des propos de campagne et que vous ne l’attaqueriez plus aussi frontalement…

Oui mais s’il ne mâche ses mots, il me trouvera debout face à lui. Il faut qu’il soit attentif. Nous sommes des voisins immédiats.

JA : N’avez-vous pas peur que style « cash » vous desserve ?

Je suis comme ça. Je ne changerais pas.

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ARDiallo