France : Chômeur, Thomas Fabius visé par une enquête après l’achat d’un appartement à 7 millions d’euros
La cellule de renseignement financier Tracfin a reçu un signalement après l’acquisition par Thomas Fabius, fils du ministre des Affaires étrangères, d’un appartement à 7 millions d’euros. Or le jeune homme n’est pas imposable et ne dispose d’aucun revenu, selon une enquête du journal Le Point
Si l’argent est une troisième main, comme l’écrivait Paul-Jean Toulet, il n’est pas le 6e sens de Thomas Fabius qui s’y brûle les doigts. Le jeune funambule en affaires, fils de son père Laurent Fabius ministre français des affaires étrangères, est dans l’œil de la justice pour de nouvelles suspicions de fraude.
Le parquet de Paris s’intéresserait aux conditions d’achat d’un somptueux pied-à-terre acquis en juin dernier pour 7 millions d’euros alors que le fils du ministre des Affaires étrangères, résident fiscal en France, ne paie pas d’impôt, selon les révélations du Point. Mieux, le jeune homme de 31 ans n’aurait fait l’objet d’aucune enquête fiscale, malgré un signalement de Tracfin – la cellule de renseignement financier chargée de repérer les circuits clandestins ainsi que la fraude fiscale et sociale – après l’acquisition de son bien. L’appartement, un 280 m² situé dans une prestigieuse artère de la capitale, a appartenu au réalisateur Claude Zidi.
Déjà condamné en 2011 à 15.000 euros d’amende pour une affaire d’«abus de confiance» dans laquelle il avait opté pour une procédure de «plaider-coupable », il avait également été visé, à la suite de plusieurs plaintes, par une enquête préliminaire pour «tentative d’escroquerie et faux» pour des faits datant de novembre 2011. Une sombre histoire de sommes versées en liquide pour un projet de carte à puce révolutionnaire qui n’a jamais vu le jour. C’est dans le cadre de ces investigations que les enquêteurs de l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRDGF) ont trouvé la trace de l’achat de l’appartement.
Thomas Fabius explique le financement de cette acquisition par un emprunt bancaire avec comme garantie sa société TF Conseils. Or les comptes de cette société, d’après les informations du Point, ne laissent apparaître aucune trace de salaire ni de dividende. Elle n’aurait par ailleurs réalisé qu’un bénéfice de 92.532 euros en 2010 et de 11.880 en 2011.
Au Quai d’Orsay, le cabinet de son père a répondu à l’hebdomadaire n’être «en rien concerné par les affaires de Thomas Fabius», en ajoutant que celui-ci «n’a bénéficié d’aucune donation ou héritage familial». D’autres sources indiquent que les 7 millions d’euros seraient en partie venus de gains au jeu. Décrit comme «flambeur invétéré», le jeune homme serait interdit de casinos.
Ce touche-à-tout qui a cofondé la chaîne de crèches d’entreprises People and Baby en 2004, à 23 ans, avait fait deux ans de prépa après un bac obtenu à 16 ans. Il possédait 5 % du capital de la société quand il l’a quittée un an plus tard. Plus jeune, il a été GO au Club Med puis embauché par le groupe Accor où il est passé en quatre ans de la plonge aux ventes. Il est ensuite devenu directeur adjoint du plus grand Novotel d’Europe, à Bagnolet. Sur son nom, par son entregent, ses réseaux et son bagout, il a même un temps été courtisé par la télévision où il s’est essayé comme chroniqueur auprès de Benjamin Castaldi dans l’émission «Langues de Vip» sur TF1.
Hors plateau, le jeune homme aux costumes griffés et aux chemises chiffrées à ses initiales est connu pour son goût du luxe et du show-biz, ses habitudes au Fouquet’s et à Saint-Tropez.
Ibou Camara