Colonisation en Afrique : La Grande-Bretagne pourrait indemniser les victimes
La presse britannique a révélé, dimanche 5 mai, que les avocats du gouvernement négocient actuellement avec d’anciens insurgés kényans – les Mau Mau, qui ont mené une révolte anti-coloniale dans les années 1950. Le conflit avait duré près de huit ans et aurait fait jusqu’à 80 000 victimes, la répression la plus sanglante perpétrée sous l’Empire britannique, selon le Guardian.
A l’époque, des dizaines de milliers de Kényans (entre 80 000 et 300 000) avaient été enfermés dans des camps de détention ou dans des villages surveillés pour contenir la rébellion.
Les anciens détenus expliquent qu’ils y ont été victimes d’actes de barbarie et de torture. Parmi les personnes concernées, le grand-père de l’actuel président américain, Hussein Onyango Obama. Sa veuve raconte ainsi qu’on lui avait enfoncé des épingles dans les ongles et les fesses, et pressé les testicules entre des tiges en métal. De nombreuses agressions de ce type sont racontées par les témoins de l’époque.
Que savait le gouvernement britannique de ces actes ? Il a longtemps nié sa responsabilité, plaidant que c’était à l’actuel gouvernement kényan d’être poursuivi.
Or, selon des archives révélées récemment et jusque-là soigneusement gardées secrètes par le ministère des affaires étrangères britanniques, Londres était parfaitement au courant de ce qu’il se passait dans les prisons kényanes. Une note révèle ainsi que l’administrateur de la colonie avait écrit que les conditions de détention des prisonniers rappelaient « fâcheusement l’Allemagne nazie ou la Russie communiste ». Il avait mis en œuvre un système de sanction mais aussi appelé à la discrétion. « Si nous devons pécher, écrivait-il à l’époque, nous devons le faire en silence. »
A la suite de ces révélations, les avocats du gouvernement ont finalement accepté de négocier avec les représentants des Mau Mau. Une opération qui pourrait coûter plusieurs dizaines de millions de livres au gouvernement britannique : il devra indemniser près de 10 000 anciens prisonniers qui demandent réparation.
L’indemnisation des Mau Mau pourrait également faire parler d’autres victimes de crimes commis sous domination britannique mais aussi française et lever le voile sur les heures sombres de la colonisation qui a tant fait mal à l’Afrique.
Ibou Camara