Casamance: Que retenir de l’Abbé Augustin Diamacoune Senghor ?
Dans le cadre de la commémoration du quinzième anniversaire du rappel a Dieu de l’abbé Diamacoune ; le Journal du Pays a tenue à vous faire lire cet intéressant extrait du livre » Abbé Augustin Diamacoune Senghor » de René Capain Bassène.
« L’homme, que certaines populations et particulièrement la presse nationale et internationale qualifiaient de prélat rebelle », jouissait d’une immense réputation. Mais les légendes sont faites par ceux qui les définissent ou qui regardent la vie de personnes comme l’abbé Augustin Diamacoune Senghor, et qui décident du point de vue de l’histoire s’ils ont fait oui ou non quelque chose de valable. Cependant, pour apprécier le combat de l’abbé Diamacoune, il faut replacer l’homme dans le contexte de sa vie.
En effet, le petit garçon qui naît le 4 avril 1928 à Senghaléne, le berceau de tous les Senghor de la Casamance comme il aimait souvent à le rappeler, arrive au monde à une époque où la colonisation bat son plein. Les colons se comportent comme des êtres supérieurs face aux populations locales qu’ils considèrent comme de purs et simples objets.
Pour survivre, ces Noirs doivent rester dociles, bien sages et se soumettre, ou se révolter et se battre, ce qui n’était pas évident. Témoin de sévices de ces colons sur certains de ses proches parents, Diamacoune, dès son plus jeune âge, se sent frustré et, selon ses dires, jure de combattre et réparer ces injustices lorsqu’il sera adulte. Contrairement à la majorité des jeunes de sa génération, il a la chance de fréquenter l’« école des Blancs », d’apprendre leur langue et leur culture. Son séjour au séminaire l’oblige à fréquenter et côtoyer les pères missionnaires blancs, à vivre avec eux, et donc à les démythifier.
Plus tard, quand il a fini ses études et après avoir été ordonné prêtre, il s’engage dans la lutte pacifique contre l’injustice, conformément à sa devise. Fort de ses convictions et n’écoutant que ce que lui dicte sa conscience, il adresse des correspondances aux plus hautes autorités de l’Etat, dénonçant certaines « injustices » qui sévissent en Casamance. L’existence de ses lettres est confirmée par le professeur Assane Seck : « En 1978, l’abbé Diamacoune avait bien adressé au Président Senghor une lettre dont, en ma qualité de premier responsable régional, j’avais pris connaissance, sans juger hélas devoir en conserver photocopie. Autant que je me souvienne, son contenu reflétait des critiques et des opinions personnelles sur la politique en Casamance, critiques et opinions que j’étais loin de partager, mais que je pensais respectables.
Le contenu de cette lettre, émanant d’une personne dont j’avais entendu parler sans la connaître, m’avait fait croire qu’il s’agissait de quelqu’un de peu ou de mal informé de la situation concrète sur le terrain de l’ensemble de la Casamance, notamment en matière d’infrastructures de développement, et qu’en conséquence il fallait l’inviter à un dialogue franc, argument contre argument, dialogue privé ou public.
Pour ce faire, j’informai le Président Senghor de mon idée, qu’il approuva. Nous convînmes alors de lui envoyer,s’agissant d’un prêtre, un de ses coreligionnaires, le ministre Robert Sagna, pour s’entretenir avec lui. Je n’ai pas souvenance que cette mission ait connu d’autres développements ».
Frustré par le silence des autorités, il radicalise son combat et va même jusqu’à réclamer l’indépendance de la Casamance. Diamacoune se base sur sa propre histoire de la Casamance, appuyé par l’existence de documents officiels qu’il réclame à la France, pour défendre la thèse selon laquelle la Casamance est une entité bien différente et séparée du reste du Sénégal.
S’accrochant fermement à son histoire, et convaincu qu’il détient la vérité absolue et indéniable sur ce sujet, il rejette systématiquement tout argument prouvant ou disant lecontraire. Mieux, il accuse la France, ancien colonisateur,d’avoir, de concert avec les premiers dirigeants du Sénégal indépendant, rattaché la Casamance au reste du pays (Sénégal)pour des raisons de commodité. Sa thèse est par la suite épousée par le MFDC, qui en fait sa « bible » et le motif principal de sa revendication, à savoir l’« indépendance immédiate de la Casamance qui n’a jamais été partie intégrante du Sénégal », délaissant ainsi la question de spoliation des terres, qui a engendré la marche du 26 décembre, et qui, par ailleurs, marque le point de départ de la crise casamançaise.»
Après les fondateurs du MFDC primitif et du MAC, Augustin Diamacoune Senghor est, dans les années 1978 et 1980, l’un des rares cadres casamançais à oser manifester et assumer publiquement son désaccord face à ce qu’il appelle les « injustices des autorités à l’égard des populations casamançaises ». Conséquence, il devient la première cible de l’Etat dès que, selon Assane Seck, « le bruit courut qu’une réunion s’était tenue en bout de piste à l’aéroport de Ziguinchor le 27 novembre, pour une redynamisation du MFDC en vue d’étudier les modalités futures d’un passage à l’action ».
Son engagement et sa grande détermination à oeuvrer pour une meilleure considération de la Casamance le conduisent par deux fois en prison. Sa forte notoriété fait de lui un prêtre hors du commun, plus connu par ce qu’il appelle son combat contre l’injustice et ses prises de positions vis-à-vis de la crise casamançaise que pour ses homélies dans les églises. En réalité le Diamacoune Secrétaire général du MFDC est, de très loin, plus connu que le Diamacoune prêtre catholique du diocèse de Ziguinchor.
Très préoccupé par la fin de la guerre en Casamance, il n’aurait accepté cette fonction dans le mouvement, en 1991, que dans le but de faciliter les négociations entre les belligérants. À ce poste, il n’a jamais incité à la violence, et a toujours mené un combat pacifique, contrairement à beaucoup de leaders de mouvements révolutionnaires ou de rébellions : l’Abbé n’était pas un chef rebelle sanguinaire, à l’image de Jonas Savimbi, de Charles Taylor ou encore de Fodé Sanko.
Ce n’est pas lui qui est à l’origine de la rébellion armée en Casamance. Ce n’est pas un homme violent, ni un indépendantiste assoiffé de pouvoir comme on le décrit. Il a son combat, celui de faire disparaître l’injustice en décriant certaines pratiques ayant cours en Casamance. J’insiste sur ce point pour dire que, dans son plan d’action, l’abbé Diamacoune n’a jamais invité quelqu’un à prendre les armes pour lutter contre l’Etat du Sénégal. Il est pour le retour de la paix, mais une paix, disait-il, dont les conditions ne doivent pas être dictées par l’Etat sénégalais : elle doit être négociée.
Il n’en demeure pas moins un personnage très complexe, et parfois même très ambigu, à travers certaines de ses déclarations et prises de position vis-à-vis de la question casamançaise. A plusieurs reprises, il a rejeté des accords pourtant négociés et signés entre l’Etat et la rébellion. Cette attitude fait que beaucoup de Sénégalais ont jubilé à l’annonce de sa mort, le considérant comme le principal facteur de blocage. C’est à mon avis une grosse erreur d’appréciation (…) On peut en voir pour preuve le fait que, contrairement à ces allégations, le processus de paix enclenché de son vivant s’est trouvé complètement bloqué après sa mort, par l’absence d’un interlocuteur crédible pouvant parler et négocier avec l’Etat au nom du MFDC.
L’Abbé a expliqué son attitude par le fait que, selon lui, les termes ayant abouti aux différentes signatures étaient mal appliqués et mal négociés et qu’en aucun cas le Sénégal ne peut être à la fois juge et partie. Il avait juré que jamais il ne va cautionner une paix dont les conditions et les résultats ne seraient pas bénéfiques à la Casamance. Selon lui, l’échec de certains accords de paix s’explique par le fait qu’en Casamance, durant toutes les années de conflit, pendant que les uns construisent et oeuvrent pour la paix, les autres détruisent. Il soutient fermement qu’il y en qui ne veulent pas de la fin de la guerre en Casamance car pour eux c’est un moyen de s’enrichir.Mais, le plus grand accomplissement de l’abbé Augustin Diamacoune Senghor, et qui malheureusement n’a jamais ou pas souvent été mentionné par ceux qui l’ont approché en parlant de lui, c’est celui de l’être humain.
L’enfant de Senghalène, en sa qualité de prêtre, d’homme de Dieu, était un homme très profondément religieux. C’était quelqu’un de très ouvert, très disponible, qui était à l’écoute de tous ceux qui venaient à lui sans distinction aucune. Facile d’accès, grand animateur et plein d’humour, il était un enseignant qui aimait les mouvements associatifs et qui adorait se retrouver au milieu des enfants. Diamacoune avait d’ailleurs fondé un orphelinat, avec sous sa responsabilité plusieurs dizaines d’enfants à charge.
Suite à ses arrestations et emprisonnements, liés à sa nomination au poste de Secrétaire général du MFDC, et après son séjour dans le maquis, l’Abbé a passé les dernières années de sa vie en résidence surveillée à la Maison des œuvres catholiques de Ziguinchor. Cette décision des autorités sénégalaises l’a ainsi éloigné du grand public, auquel il n’apparaissait que rarement, à l’occasion des signatures d’accords de paix ou des grandes fêtes célébrées dans Ziguinchor et à travers tout le pays. Enfin, Diamacoune était aussi un homme au caractère trempé, qui a toujours fait ce qu’il pensait devoir faire, quel que soit ce qu’il encourait.
Durant toute sa vie, il est resté malgré tout un prêtre entièrement dévoué au service de Dieu, de l’Eglise et des hommes.
Kondiarama
Mendycasa
Que Dieu ait son àme, en plus, est l’homme de l’année pour toutes les années. Amen
Il faut savoir que le Sénégal est le seul pays au monde où les Goor Djiguènes, violeurs d’enfants, agresseurs sexuels, criminels, voleurs, corrompus, trafiquants de cocaine et de faux billets, de passeports diplomatiques et de femmes etc. sont vénérés et restent impunis. Ils passent à la télé pour imposer leur pensée unique et leur bien pensance. Ne voter surtout pas pour ces colons sénégalais sous la baguette de Macky Sall.
Korka Diallo
Je suis parti le vendredi à Brin pour prier sur la tombe de abbé Diamacoune. C’était un grand moment de recueillement et d’émotion.
Vive la Casamance indépendante.
Anonyme
Le témoignage de René Capain Bassène est très éloquent c’est pourquoi il est en prison. Libérez RCB.