Iran: Le modéré Hassan Rohani élu président de la République
Hassan Rohani, le plus modéré des candidats, est le nouvel homme fort de l’Iran. Il a été élu dès le premier tour, samedi 15 juin, lors du premier tour de l’élection présidentielle, selon des résultats officiels. Il a obtenu 50,68% des voix. Ce religieux est connu pour sa très grande modération dans son discours.
Agé de 64 ans, il est principalement connu en Occident pour avoir été responsable des négociations sur le dossier nucléaire de Téhéran sous la présidence du réformateur Mohammad Khatami entre 1997 et 2005. C’est à cette période qu’il a gagné son surnom de « cheikh diplomate ». C’est ainsi qu’en 2003, lors de négociations avec Paris, Londres et Berlin, il avait accepté la suspension de l’enrichissement d’uranium et l’application du protocole additionnel au Traité de non-prolifération (TNP), permettant des inspections inopinées des installations nucléaires iraniennes.
Député entre 1980 et 2000, il a aussi un long passé de responsable politique en Iran. Il a ensuite été membre de l’Assemblée des experts, instance chargée de superviser le travail du guide suprême Ali Khamenei. Il est toujours représentant de l’ayatollah Khamenei au sein du Conseil suprême de la sécurité nationale.
D’après ce décompte partiel (76 % des bureaux de vote) annoncé samedi 15 juin en début d’après-midi par le ministère de l’Intérieur, Hassan Rohani, 64 ans, un proche de l’ancien président Akbar Hachémi-Rafsandjani, a obtenu 14,2 millions de voix, soit 50,8 % des suffrages après le dépouillement de 27,6 millions de bulletins.
Il devance largement trois conservateurs : le maire de Téhéran Mohammad Bagher Ghalibaf (15,6 %), l’ex-commandant des Gardiens de la Révolution, l’armée d’élite du régime, Mohsen Rezaïe (11,3 %) et le chef des négociateurs nucléaires Saïd Jalili (11,4%). Les deux autres candidats, l’ex-chef de la diplomatie Ali Akbar Velayati et Mohammad Gharazi, sont encore plus loin derrière.
Aucune irrégularité n’a été constatée, a précisé le Conseil des gardiens de la Constitution, qui supervise le scrutin. Un deuxième tour est prévu le 21 juin si, finalement, le candidat en tête n’obtenait pas plus de 50% des voix. Les résultats complets doivent être connus samedi 15 juin dans la soirée.
Le ministère de l’intérieur n’a donné aucun chiffre de participation au scrutin, mais il devrait se situer entre 70% et 80 % en raison de la forte mobilisation des Iraniens dont plus de 50,5 millions étaient appelés aux urnes. Toute la journée de vendredi 14 juin, les électeurs ont longuement patienté dans les files formées devant les bureaux de vote. En raison de l’affluence, les opérations ont été prolongées de plusieurs heures, des bureaux de vote fermant avec cinq heures de retard.
Représentant de l’ayatollah Khamenei au sein du Conseil suprême de la sécurité nationale, Hassan Rohani a bénéficié du désistement du candidat réformateur Mohammad Reza Aref et de l’appui du chef des réformateurs Mohammad Khatami.
Il prône plus de souplesse dans le dialogue avec l’Occident, pour alléger les sanctions, des négociations qu’il avait dirigées entre 2003 et 2005 sous la présidence Khatami (1997-2005). Durant la campagne, il a évoqué de possibles discussions directes avec les Etats-Unis, ennemi historique de l’Iran.
Saliou Cissé