Casamance: Les Intellectuels et Universitaires Casamançais condamnent la décision de la justice sénégalaise (Communiqué)
Communiqué de presse (En intégralité)
Objet: verdict sur la tuerie de Boffa Bayotte: condamnation de la décision et soutien aux frères.
1) Processus politique et inique pour un verdict honteux :
Après une détention dite préventive et abusive de plusieurs innocents, notamment de deux figures emblématiques que sont Oumar Ampoi Bodian et René Capain Bassène pendant 4 ans, après une instruction faible et bâclée, car ne reposant sur aucune enquête de terrain ni audition des auteurs du massacre, après quelques semaines de procès, la justice répressive et inique du Sénégal vient de prononcer un verdict grossier : la réclusion criminelle à perpétuité contre René Capain Bassène, Oumar Ampoi Bodian et par contumace contre le chef combattant Attika César Atoute Badiate.
Le MFDC et tous ses organes condamnent et rejettent cette décision de justice à l´encontre des trois frères Casamançais René Capain Bassène journaliste et écrivain casamançais, Oumar Ampoi Bodian et César Atoute Badiate membres du MFDC. Ils dénoncent la libération sans dédommagement pour détention abusive et arbitraire de dizaines de citoyens casamançais.
La parodie de justice s´est encore une fois abattue sur les innocents citoyens casamançais. Telle une fatalité, depuis que le conflit politico-militaire en Casamance a éclaté il y a 40 ans, l´Etat de droit a foutu le camp, laissant place aux violations, aux abus de toutes sortes. Aujourd’hui, cette décision fait partie de la litanie de violations juridico-politique que notre peuple connait.
Elle intervient dans un contexte où le Président du Sénégal dirigeant un régime aux abois, a ordonné l´opération militaire en cours. Ainsi, deux dimensions du système répressif, le juridique et le militaire s´articulent pour nous terrifier, nous écraser.
2) Questions sans réponses ou faiblesse du verdict :
Ce procès politique, avec son prologue de verdict tout aussi politique, n´a jamais pu résoudre les questions suivantes, ce qui révèle sa faiblesse et son rejet :
1- La condamnation d’Oumar Ampoi Bodian, de René Capain Bassène, de César Atout Badiat repose sur une accusation de complicité de meurtre,
2- Où sont les preuves matérielles de cette complicité ?
3- Comment sont-ils complices, par un acte matériel de coordination ou de planification et d´exécution de l´acte meurtrier ?
4- S´ils sont complices, où se trouvent les auteurs du massacre, qui sont-ils?
5- Le procès a-t-il établi un lien matériel entre le massacre commis par l´auteur introuvable et le complice, si l´on considère du reste le fait qu´aucun auteur supposé n´ait été entendu ?
6- Comment un tribunal peut-il ouvrir un procès et s’assurer d´une instruction, sans qu´aucune enquête sur la scène du crime ne soit faite ?
3) La moindre vie casamançaise ne mérite pas d´être sacrifiée par une parodie de justice.
Ces questions restent sans réponses, si bien qu´il aurait fallu prononcer un non-lieu, confirmant le caractère vide du dossier. A la lumière de ce qui précède, nous ne pouvons que nous rendre à l´évidence : le verdict qui vient d´être prononcé ce matin du 13 juin 2022 est politique et s´inscrit ainsi dans le plan global de l´éradication du nationalisme casamançais.
Nous exprimons notre solidarité et notre soutien à l´égard de toutes victimes casamançaises de l´injustice du Sénégal. Nous prions le frère René Capain Bassène, de ne jamais oublier que sa vie est assez digne, précieuse pour ne pas l´offrir en sacrifice à la turpitude d´un minable tribunal. La Casamance en lutte n´abandonne jamais ses fils et filles. L´heure de leur libération va bientôt sonner.
Fait en Europe, le 13.06.2022
Le Cercle des Intellectuels et Universitaires du MFDC