Brésil : Premier voyage du Pape François pour présider les Journées mondiales de la jeunesse
Le pape François a entamé lundi le premier voyage de son pontificat à Rio de Janeiro où une foule en liesse s’est massée pour le saluer à son passage en jeep découverte dans le centre-ville.
L’avion du premier pape sud-américain de l’histoire a atterri à 15 h 43 (13 h 43, heure de Montréal) à l’aéroport international Tom Jobim. Le souverain pontife, qui va présider pendant une semaine les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) où sont attendus jusqu’à 1,5 million de pèlerins, a été accueilli à sa descente d’avion par la présidente Dilma Rousseff.
Des milliers de jeunes pèlerins du monde entier, chantant et agitant des drapeaux, étaient massés derrière des barrières pour ovationner le souverain pontife qui a tenu à les saluer dès son arrivée en parcourant le centre de Rio à bord d’une jeep découverte.
C’est la première fois que ce jésuite argentin âgé de 76 ans foule le sol du « Nouveau Monde » depuis qu’il a succédé en mars à Benoît XVI à la tête d’une Église en crise, minée par les scandales de pédophilie.
Au Brésil, plus grand pays catholique au monde, il va tenter de revigorer une Église affaiblie et déboussolée par la forte poussée des Églises évangéliques pentecôtistes, omniprésentes et très actives dans les grandes villes et leurs périphéries déshéritées.
En route pour un Brésil en proie à la colère sociale de la jeunesse, il a insisté sur « le risque » de voir une génération entière de jeunes sans travail, tout en fustigeant « la culture du rejet » des personnes âgées. « La crise mondiale ne fait rien de bon pour les jeunes. Nous courons le risque d’avoir une génération qui n’a pas eu de travail, or du travail provient la dignité de la personne », a déclaré François aux journalistes qui l’accompagnaient dans son avion.
François, qui prêche depuis son élection pour une « Église pauvre pour les pauvres », arrive dans un pays où les jeunes ont manifesté massivement en juin, parfois violemment, contre l’indigence des services publics et la corruption. « Le sens de mon voyage est d’encourager les jeunes à vivre insérés dans le tissu social avec les personnes âgées », a poursuivi le pape. Pour lui les jeunes « sont l’avenir de leur peuple, mais pas seulement eux ». « À l’autre extrême de la vie, les personnes âgées ont la sagesse de la vie, de l’histoire, de la patrie et de la famille, nous en avons besoin », a-t-il insisté.
Le pape prenait mardi une journée de repos bien méritée après une arrivée mouvementée à Rio de Janeiro, mais l’enthousiasme entourant sa visite suscitait des craintes accrues de débordements, dans la foulée du mouvement social contre la vie chère et la corruption.
Après le premier bain de foule à Rio, la police a dû disperser lundi soir avec des gaz lacrymogènes des manifestants en marge de la réunion de François avec la présidente Dilma Rousseff. Des centaines de manifestants couraient dans toutes les directions à proximité du palais Guanabara où siège le gouvernement de Rio de Janeiro. Un cocktail Molotov a été lancé en direction des forces de l’ordre. Au moins un manifestant qui portait un masque blanc d’Anonymous a été arrêté. Cette manifestation a conduit les services de sécurité à changer in extremis le programme du pape, en le faisant monter dans un hélicoptère pour aller du centre-ville au palais Guanabara.
Auparavant, la voiture dans lequel François avait décidé de faire un tour du centre-ville avait été bloquée à plusieurs reprises par des fidèles enthousiastes, suscitant les craintes de son entourage. Le pape était resté imperturbable et souriant, goûtant le contact avec la foule.
Ibou Camara