Sénégal : Des manifestations brutalement réprimées par le régime de Macky Sall font au moins un mort et plusieurs blessés
Les forces de sécurité sénégalaises ont eu recours vendredi à des grenades lacrymogènes et assourdissantes et tiré ce qui semblait être des balles en caoutchouc pour disperser des centaines de personnes qui protestaient dans les rues de Dakar contre le report de l’élection présidentielle.
Des manifestants ont brûlé des pneus et lancé des pierres en direction des forces de l’ordre, certains brandissant le drapeau sénégalais aux cris de « Macky Sall est un dictateur« .
Il s’agit de la première manifestation d’importance depuis que le président Macky Sall a annoncé il y a une semaine le report sine die de l’élection présidentielle, qui devait se tenir le 25 février. Cette décision a ouvert la pire « crise » politique de l’histoire du Sénégal.
Macky Sall, qui s’est engagé à ne pas briguer un troisième mandat lors du scrutin, a justifié son report par des différends sur des candidatures et des accusations de corruption présumée à l’encontre de deux membres du Conseil constitutionnel.
A Dakar, Un important dispositif policier composé de de barrières, pick-ups et blindés, a été déployé pour empêcher la tenue des manifestations. Des heurts ont éclaté dans les rues, notamment dans les quartiers de Colobane et de Médina. Tôt dans l’après-midi, des fumées noires s’élevaient aux abords de la place de la Nation. Plusieurs rues étaient bloquées et de nombreux commerces ont baissé le rideau. Des journalistes ont également été pris à partie par les forces de l’ordre et la situation reste très tendue à Dakar.
A Saint-Louis, des affrontements ont éclaté entre forces de l’ordre et manifestants dans plusieurs quartiers de la ville qui ont échangé gaz lacrymogène et jets de projectiles. Alpha Yoro Tounkara, étudiant en deuxième année de licence en géographie à l’université Gaston Berger a été tué par les forces de l’ordre.
A Kaolack, Louga, Mbacké et Touba, on a vu des groupes de manifestants et des pneus brûlés. Des stations d’essence Total ont été incendiées.
A Diourbel dans le centre du pays, plusieurs quartiers de la périphérie ont été le théâtre d’affrontements. Des jeunes ont brûlé des pneus et ont barré des routes. Plusieurs interpellations ont eu lieu et des scènes similaires se sont déroulées dans d’autres localités du pays.
En Casamance, les villes de Ziguinchor, Bignona, Cap Skirring et Vélingara, bastions de l’opposant d’origine casamançaise et emprisonné Ousmane Sonko, ont également été le théâtre de violents affrontements jusqu’au soir. Plusieurs personnes ont été interpellées ou blessées dont une personne à mobilité réduite.
A Bignona, sur la route qui mène au rond-point Émilie Badiane, les jeunes ont mis des barricades pour empêcher l’intervention des gendarmes, des pneus brûlés.
A Tenghory pour répondre à l’appel. D’ailleurs, plusieurs véhicules en provenance de Dakar ont été bloqués à l’entrée sur la RN4 durant les manifestations.
Des manifestants sont aussi sortis dans les rues de Kolda.
Cette décision abrupte de Macky Sall, vivement contestée donc au Sénégal et en Casamance, a été aussi critiquée par les Etats-Unis, l’Union Européenne et la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Des membres de la diaspora sénégalaise en France se sont rassemblés vendredi 9 février 2024, sur la place d’Iéna, à proximité du Consulat Général du Sénégal à Paris pour protester contre ce qu’ils qualifient de « coup d’État constitutionnel » de la part du président Macky Sall.
Balanta Mané