Casamance : Vent de déception après le premier discours à la nation du président Bassirou Diomaye Faye
Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a prononcé sa première allocution le mercredi 3 avril, veille de la fête d’indépendance, seulement un jour après avoir prêté serment devant une dizaine de chefs d’Etat africains.
Le jeune chef de l’État, 44 ans a dévoilé les prochains grands chantiers de sa magistrature.
– La lutte sans répit contre la corruption ;
– La répression pénale de la fraude fiscale et des flux financiers illicites ;
– La protection des lanceurs d’alertes ;
– La lutte contre le détournement de deniers publics et le blanchiment d’argent ;
– L’amnistie des prête-noms et leur intéressement sous condition d’auto dénonciation ;
– La publication des rapports de l’IGE, de la Cour des comptes et de l’OFNAC.
Sans mentionner, par omission ou par mépris « la Casamance » de tout son discours, il déclare prudemment :
« Dans cet esprit, mon rôle, et je compte l’assumer pleinement, est de tendre la main à toutes et à tous, pour rassembler, rassurer, apaiser et réconcilier, afin de conforter la paix, la sécurité et la stabilité indispensables au développement économique et social de notre cher pays. De l’est à l’ouest, du nord au sud, je souhaite que notre cher Sénégal reste uni et indivisible, en paix et en harmonie avec notre devise nationale : Un Peuple-Un But-Une Foi. Nous le devons à nous-mêmes. Nous le devons à nos enfants. Nous le devons aux générations futures. C’est pourquoi notre vibrante jeunesse, cœur battant de la nation, restera au centre de mes préoccupations.«
Devant leur télévision, George, restaurateur, et Christine, sa femme, sage-femme, attendaient un geste d’apaisement de la part du président envers la Casamance meurtrie par 42 ans de guerre. « En votant pour lui à 87 % à Ziguinchor, on espérait qu’il essayerait enfin de trouver un compromis avec le peuple casamançais comme il l’a lui-même promis, il y a trois semaines au Cap Skirring lors de sa campagne électorale. »
George et Christine sont atterrés. « Je suis plutôt déçu, je m’attendais à quelque chose de beaucoup plus concret. Il n’a même pas utilisé le mot CASAMANCE dans son long discours« , confie George. « Il a complétement détourné la paix en Casamance », ajoute Christine.
« Je ne peux pas comprendre qu’il n’en parle pas, mais encore une fois, pour moi, c’est le moment pour changer de politique en faveur de la paix en Casamance. Je suis désolé, le président n’a pas joué son rôle fédérateur. Il a oublié de rendre des hommages appuyés aux dizaines de martyrs casamançais tombés sous les slogans du PASTEF. Et moi qui suis plutôt patriote, j’ai voté pour lui, je ne comprends pas. Il est ailleurs ! En aucun cas il n’a apaisé la situation« , lance Oumarou entrepreneur à Bignona.
Les Casamançais craignent même au contraire que cette allocution du Président Bassirou Diomaye Faye ravive encore la colère dans les rues de Ziguinchor, Oussouye, Bignona, Kolda et Diaobé.
Samsidine Badji (SAM)